Celle qui parle aux corbeaux

Par : Melissa Lucashenko

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  • Nombre de pages448
  • PrésentationBroché
  • FormatPoche
  • Poids0.238 kg
  • Dimensions10,9 cm × 18,0 cm × 1,9 cm
  • ISBN979-10-414-1376-8
  • EAN9791041413768
  • Date de parution14/02/2025
  • CollectionPoints
  • ÉditeurPoints
  • TraducteurDavid Fauquemberg

Résumé

Toute sa vie, Kerry Salter a cherché à éviter deux choses : sa ville natale et la prison. Mais son grand-père se meurt et la police du Queensland la soupçonne de complicité dans un cambriolage. La jeune aborigène remonte donc sur sa Harley, direction Durrongo, son pub, son ennui... et sa famille fantasque. Kerry aura fort à faire, d'autant que le maire entreprend de construire une prison sur la terre sacrée des Salter.
La guerre avec l'édile corrompu s'annonce féroce.
Toute sa vie, Kerry Salter a cherché à éviter deux choses : sa ville natale et la prison. Mais son grand-père se meurt et la police du Queensland la soupçonne de complicité dans un cambriolage. La jeune aborigène remonte donc sur sa Harley, direction Durrongo, son pub, son ennui... et sa famille fantasque. Kerry aura fort à faire, d'autant que le maire entreprend de construire une prison sur la terre sacrée des Salter.
La guerre avec l'édile corrompu s'annonce féroce.

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4/5
sur 1 note dont 1 avis lecteur
Humour du désespoir chez les Aborigènes d'Australie
Melissa Lucashenko ouvre cette œuvre de fiction sur cet avertissement : « les membres de ma famille élargie ont subi au moins une fois dans leur vie la plupart des faits de violence évoqués dans ces pages ». Le reste est tiré « soit d’archives historiques, soit de l’histoire orale aborigène. » Et l’épigraphe de nous renvoyer à l’histoire de son arrière-grand-mère, « une femme goorie qui, en 1907, fut arrêtée pour avoir tiré sur l’homme – Aborigène lui aussi – qui tentait de la violer. » « Elle n’était, selon lui, qu’une gin, une ‘’traînée aborigène’’ et il avait le droit d’en faire ce qu’il voulait. » Nous voilà donc plongés dans le triste quotidien d’une petite localité rurale de la Nouvelle Galles du Sud, en Australie. Son grand-père se mourant, la jeune Kerry Salter rentre au bercail sur une Harley volée. Au chevet du patriarche – un Aborigène arraché aux siens pour, conformément à la politique d’assimilation du gouvernement des années cinquante, grandir, privé de son identité culturelle, dans une mission blanche –, elle retrouve avec répugnance les débris du cercle familial qu’elle n’a jamais eu de cesse que de fuir. Imbibée de croyances chrétiennes à défaut de l’alcool dont elle est parvenue à se sevrer, sa mère Pretty Mary n’en reste pas moins la gardienne de la mémoire familiale et de la culture Bundjalung héritée de la branche maternelle. C’est elle qui, cartomancienne à ses heures, fait chichement bouillir la marmite du foyer, entre l’addiction aux paris hippiques de l’aïeul et les combines toujours perdantes de son colosse de fils à la dérive. Ken, récemment passé par la case prison, est un quintal de rage et de rancoeur que l’alcool achève de rendre mauvais. Père défaillant, ses deux aînés étant partis vivre chez leur mère, il déverse tout son venin et sa violence sur son benjamin Donny, un adolescent fragile et replié sur lui-même. Ne manque au tableau que Donna, la sœur de Kerry, partie à l’âge de seize ans sans plus donner de nouvelles, et dont l’absence hante une Pretty Mary incapable de contenir sa déception. Même le dernier fils est aussi de passage pour les adieux au vieux Pop : il vit d’ordinaire à la grande ville, où son compagnon et lui servent de famille d’accueil à deux enfants qu’ils tentent, tant bien que mal, de sauver de leur passé de violence. Mais, éreinté comme tant d’autres familles aborigènes par l’acculturation et des conditions de vie marquées par la pauvreté, l’alcool et la violence, le clan Salter se mobilise soudain lorsque survient pis encore. L’agent immobilier Jim Buckley, petit-fils d’un Sergent de terrible mémoire qui, en son temps, terrorisa les Autochtones, profite malhonnêtement de ses fonctions de maire pour promouvoir un projet de construction sur le site sacré de leurs ancêtres. Dans une cascade d’événements qui révèlera bien des crimes, mais où l’humour noir de la narration sert d’antidote à l’abattement du lecteur face à la spirale du malheur et de la destruction, entretenue de génération en génération par les injustices quotidiennes d’un racisme systémique, chaque membre de la famille réagit à sa manière, contribuant à un sursaut collectif qui, pour la première fois depuis longtemps, pourrait redonner dignité et espoir à ces gens effacés de leurs terres et de leur identité culturelle par la tornade blanche de la colonisation. L’humour du désespoir anime cette saga familiale qui, sous couvert d’une histoire divertissante à destination du plus grand nombre, n’en dénonce pas moins avec vigueur la triste inefficacité des politiques successives censées, ces dernières décennies, lutter contre les inégalités subies par la population aborigène en Australie : la ségrégation raciale se traduit toujours pour les Autochtones par une moindre espérance de vie, des difficultés socio-économiques, un plus fort taux de criminalité et de suicide. Enfin, à la portée politique du roman, s’ajoute le constat, ô combien d’actualité, de la nécessaire réconciliation de l’espèce humaine avec la nature et, à ce propos, de l’ancestrale sagesse des peuples aborigènes. Une invitation réussie à suivre de près les prochaines parutions de cette toute nouvelle collection Voix Autochtones des éditions du Seuil.
Melissa Lucashenko ouvre cette œuvre de fiction sur cet avertissement : « les membres de ma famille élargie ont subi au moins une fois dans leur vie la plupart des faits de violence évoqués dans ces pages ». Le reste est tiré « soit d’archives historiques, soit de l’histoire orale aborigène. » Et l’épigraphe de nous renvoyer à l’histoire de son arrière-grand-mère, « une femme goorie qui, en 1907, fut arrêtée pour avoir tiré sur l’homme – Aborigène lui aussi – qui tentait de la violer. » « Elle n’était, selon lui, qu’une gin, une ‘’traînée aborigène’’ et il avait le droit d’en faire ce qu’il voulait. » Nous voilà donc plongés dans le triste quotidien d’une petite localité rurale de la Nouvelle Galles du Sud, en Australie. Son grand-père se mourant, la jeune Kerry Salter rentre au bercail sur une Harley volée. Au chevet du patriarche – un Aborigène arraché aux siens pour, conformément à la politique d’assimilation du gouvernement des années cinquante, grandir, privé de son identité culturelle, dans une mission blanche –, elle retrouve avec répugnance les débris du cercle familial qu’elle n’a jamais eu de cesse que de fuir. Imbibée de croyances chrétiennes à défaut de l’alcool dont elle est parvenue à se sevrer, sa mère Pretty Mary n’en reste pas moins la gardienne de la mémoire familiale et de la culture Bundjalung héritée de la branche maternelle. C’est elle qui, cartomancienne à ses heures, fait chichement bouillir la marmite du foyer, entre l’addiction aux paris hippiques de l’aïeul et les combines toujours perdantes de son colosse de fils à la dérive. Ken, récemment passé par la case prison, est un quintal de rage et de rancoeur que l’alcool achève de rendre mauvais. Père défaillant, ses deux aînés étant partis vivre chez leur mère, il déverse tout son venin et sa violence sur son benjamin Donny, un adolescent fragile et replié sur lui-même. Ne manque au tableau que Donna, la sœur de Kerry, partie à l’âge de seize ans sans plus donner de nouvelles, et dont l’absence hante une Pretty Mary incapable de contenir sa déception. Même le dernier fils est aussi de passage pour les adieux au vieux Pop : il vit d’ordinaire à la grande ville, où son compagnon et lui servent de famille d’accueil à deux enfants qu’ils tentent, tant bien que mal, de sauver de leur passé de violence. Mais, éreinté comme tant d’autres familles aborigènes par l’acculturation et des conditions de vie marquées par la pauvreté, l’alcool et la violence, le clan Salter se mobilise soudain lorsque survient pis encore. L’agent immobilier Jim Buckley, petit-fils d’un Sergent de terrible mémoire qui, en son temps, terrorisa les Autochtones, profite malhonnêtement de ses fonctions de maire pour promouvoir un projet de construction sur le site sacré de leurs ancêtres. Dans une cascade d’événements qui révèlera bien des crimes, mais où l’humour noir de la narration sert d’antidote à l’abattement du lecteur face à la spirale du malheur et de la destruction, entretenue de génération en génération par les injustices quotidiennes d’un racisme systémique, chaque membre de la famille réagit à sa manière, contribuant à un sursaut collectif qui, pour la première fois depuis longtemps, pourrait redonner dignité et espoir à ces gens effacés de leurs terres et de leur identité culturelle par la tornade blanche de la colonisation. L’humour du désespoir anime cette saga familiale qui, sous couvert d’une histoire divertissante à destination du plus grand nombre, n’en dénonce pas moins avec vigueur la triste inefficacité des politiques successives censées, ces dernières décennies, lutter contre les inégalités subies par la population aborigène en Australie : la ségrégation raciale se traduit toujours pour les Autochtones par une moindre espérance de vie, des difficultés socio-économiques, un plus fort taux de criminalité et de suicide. Enfin, à la portée politique du roman, s’ajoute le constat, ô combien d’actualité, de la nécessaire réconciliation de l’espèce humaine avec la nature et, à ce propos, de l’ancestrale sagesse des peuples aborigènes. Une invitation réussie à suivre de près les prochaines parutions de cette toute nouvelle collection Voix Autochtones des éditions du Seuil.
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