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Lorsqu'il rencontre Sophie, c'est comme si elle illuminait subitement le monde. Avec elle, le passé moche s'efface : l'adolescence morose, les foirages amoureux, la sensation de n'être nulle part à sa place, les cris à la maison ... Même le quotidien semble prendre de la distance : le travail idiot, l'ennui, la ville grise dans la province à l'abandon. Quand il s'observe dans le miroir, il semble que Sophie l'illumine, lui aussi.
Mais le temps passe, la romance s'effiloche, et on dirait que ça n'a cessé de germer, comme une plante toxique : la laideur, revenue au galop. Une laideur qui s'appelle violence. Qui est partout et emporte tout, autour et dedans surtout. Baisse ton sourire est l'histoire de cet embrasement. L'histoire de cet anéantissement.
Baisse ton sourire
Ce roman là c'est un peu ça, ça commence dans les travées populaires et fiévreuse d'un stade de foot, l'image d'une idole qui dérape, pulsion d'un instant comme un boulet rouge dans la tête d'un gamin qui grandit dans la grisaille d'un univers où tout ricoche.Tout y est contenu.
Littéralement viscéral, brulant de mondes enfouis qui débordent et nous emportent, qui nous façonnent comme ils nous rongent, Baisse ton sourire gravite sur une ligne à haute tension, nuancée, magnifique de sensibilité écorchée, de tendresse après laquelle on court et qu’on ravale comme une enfance éraflée qu’on recrache.
A la première personne, à demi-mots, dans les gestes et les silences, la puissance et l’épaisseur d’une langue jaillit de l’intérieur, des paysages de l’enfance comme des horizons flottants qu’on imagine à deux, Christophe Levaux sonde la violence qui s’immisce en nous, les désirs boursouflés d’échos et l’impossible histoire d’un amour qu’on égratigne.
Un texte intense et beau, déchirant de cheminements, d'éclaircies dévorées d'ombres.
Un texte de lisières, intimes, sociales, jalonné de contrastes dont l’on ressort la gorge nouée, de maitrise, de psychologies cognées de traverses sociologiques, frappé de cette mosaïque abrasive et cabochée qui nous éclatent à la gueule, par d'infimes touches, tranchantes et terriblement touchantes.
L'envie de le faire lire sonne comme une évidence,
Une sacrée claque, ce roman.