Surprenant. C'est le terme qui s'impose après cette lecture dont la quatrième de couverture ne laissait pourtant présager qu'une chronique de vie pas franchement originale, celle dont on espère néanmoins qu'elle se démarquera par un vrai style. Sur ce point, je n'avais pas vraiment de doutes après la lecture des Vestiges du jour, qui m'avait laissé une très bonne impression.
On entre dans cette histoire grâce à la voix tranquille de Kath qui semble nous livrer de façon désordonnée ses souvenirs d'une époque désormais révolue, celle de Hailsham, cette école où elle a grandi,
extrêmement protégée du monde extérieur. Dès le début, on pressent qu'il y a quelque chose de peu clair dans cette institution apparemment idyllique, où les enfants sont poussés à développer leur créativité et vivre en communauté. Malgré cet indicible pressentiment, il m'a fallu beaucoup de temps avant d'être sûre de bien comprendre ce dont il était question. Mais de quoi est-il question, me direz-vous ? De science-fiction ! Mais d'une science-fiction extrêmement diffuse, noyée dans un récit avant tout introspectif, qui fait la part-belle aux émotions et aux impressions. La frontière avec le réelle est tellement ténue que le lecteur est lentement happé, à la façon d'un récit fantastique, et finit par ne plus savoir ce qui est normal et ce qui ne l'est pas.
Au travers des réminiscences de Kath, Kazuo Ishiguro livre surtout une fine analyse des rapports humains à tous les âges de la vie, des bouderies enfantines aux profonds secrets d'adultes. Malgré l'irruption d'un genre qui fait basculer Auprès de moi toujours d'un "simple" roman contemporain à quelque chose de plus subtil et insolite, l'histoire de ces trois enfants qui se sont aimés, parfois haïs, possède d'incomparables relents de vérité qui font de ce roman un récit universel et intemporel. Le style, sans être aussi soutenu que pour Les Vestiges du Jour, est toujours riche et très agréable ; l'auteur effectue de fréquents retours en arrière mais ne perd pas le lecteur car le roman est en fait extrêmement structuré. En conclusion, Auprès de moi toujours est une chronique douce-amère très étonnante, oscillant entre nostalgie et mélancolie, qui me pousse à découvrir plus avant les œuvres de cet auteur protéiforme.
Surprenant !
Surprenant. C'est le terme qui s'impose après cette lecture dont la quatrième de couverture ne laissait pourtant présager qu'une chronique de vie pas franchement originale, celle dont on espère néanmoins qu'elle se démarquera par un vrai style. Sur ce point, je n'avais pas vraiment de doutes après la lecture des Vestiges du jour, qui m'avait laissé une très bonne impression.
On entre dans cette histoire grâce à la voix tranquille de Kath qui semble nous livrer de façon désordonnée ses souvenirs d'une époque désormais révolue, celle de Hailsham, cette école où elle a grandi, extrêmement protégée du monde extérieur. Dès le début, on pressent qu'il y a quelque chose de peu clair dans cette institution apparemment idyllique, où les enfants sont poussés à développer leur créativité et vivre en communauté. Malgré cet indicible pressentiment, il m'a fallu beaucoup de temps avant d'être sûre de bien comprendre ce dont il était question. Mais de quoi est-il question, me direz-vous ? De science-fiction ! Mais d'une science-fiction extrêmement diffuse, noyée dans un récit avant tout introspectif, qui fait la part-belle aux émotions et aux impressions. La frontière avec le réelle est tellement ténue que le lecteur est lentement happé, à la façon d'un récit fantastique, et finit par ne plus savoir ce qui est normal et ce qui ne l'est pas.
Au travers des réminiscences de Kath, Kazuo Ishiguro livre surtout une fine analyse des rapports humains à tous les âges de la vie, des bouderies enfantines aux profonds secrets d'adultes. Malgré l'irruption d'un genre qui fait basculer Auprès de moi toujours d'un "simple" roman contemporain à quelque chose de plus subtil et insolite, l'histoire de ces trois enfants qui se sont aimés, parfois haïs, possède d'incomparables relents de vérité qui font de ce roman un récit universel et intemporel. Le style, sans être aussi soutenu que pour Les Vestiges du Jour, est toujours riche et très agréable ; l'auteur effectue de fréquents retours en arrière mais ne perd pas le lecteur car le roman est en fait extrêmement structuré. En conclusion, Auprès de moi toujours est une chronique douce-amère très étonnante, oscillant entre nostalgie et mélancolie, qui me pousse à découvrir plus avant les œuvres de cet auteur protéiforme.