DF est une petite ville côtière italienne comme les autres. Elle a ses pêcheurs, son curé, son entrepreneur véreux, son maire haut en couleur et sa chaîne d'actualité locale et vivote tant bien que mal. Mais un jour, un cadavre est découvert provenant de la mer ; puis un autre, et enfin des vagues de milliers d'autres. Sans que les autorités locales puissent y trouver une explication. Livrée à elle-même par l'incurie de l'État italien, la petite commune va devoir se débrouiller par elle-même et mettre en place une stratégie aussi originale que glaçante pour se mettre à l'abri
de ces vagues et se développer.
« A l'autre bout de la mer » est un livre réellement déroutant qu'il faut prendre le temps d'appréhender. L'intrigue est longue à se mettre en place et le lecteur a du mal à rentrer dedans. L'écriture nerveuse et très déliée de l'auteur, faite de très longues phrases (jusqu'à une demi page) juxtaposant les locuteurs et les points de vue n'est pas là pour faciliter les choses. Par ailleurs, attention, les descriptions, notamment concernant les cadavres, sont assez brutes de décoffrage et contribuent à mettre en place une atmosphère assez macabre mais en même temps terriblement réaliste. Tous les ingrédients pour une mauvaise critique ? Seulement à partir de la moitié du livre, les choses se mettent progressivement en place. Ce qui était apparu comme des longueurs semble beaucoup plus justifié pour mettre en exergue les décisions prises par cette microsociété et sa dérive progressive vers le repli sur soi et l'autodétermination. le lecteur va tout d'abord ressentir une certaine compassion pour ces êtes abandonnés à leur sort du fait de l'inaction étatique et qui doivent se débrouiller par eux-mêmes. Mais petit à petit, le sentiment de malaise grandit et le discours qui apparaissait sensé à première vue dérive vers une approche autoritaire dystopique basée sur l'exploitation des morts. Elle met en place une préférence locale fondée sur un lien avec la terre et le sang mais aussi l'histoire des lieux et des habitants. le roman fait évidemment écho à la situation des migrants tentant de traverser la Méditerranée et dont chaque État parait tenter de rejeter la responsabilité de leur gestion sur les autres (ainsi le fameux mur construit par DF). Mais il fait également écho à la montée des populismes un peu partout dans le monde, qui contribue à ce rejet de « l'autre », pour reprendre le terme tant utilisé par les personnages de Giulio Cavalli.
Un livre exigeant mais en même temps fascinant qui happera le lecteur et le poussera à s'interroger sur son humanité et sur ses rapports à « l'autre ».
Bienvenue dans le nouveau monde
Cela commence avec la découverte d'un cadavre sur la plage. Puis, c'est l'Apocalypse.
Que faire, quand la « peste » arrive à nos portes ?
Ce roman ne fait pas simplement écho à ce que nous avons vécu dernièrement ; subversif, il tire la sonnette d'alarme sur les dérives sanitaires/sécuritaires aussi dangereuses que nocives qui en ont découlé.
Merveilleux roman – haletant, dramatique, baroque et absurde – dont les pages se tournent – s'envolent ! – toutes seules.