Pièces de théâtre, scénarios, récits pour enfants et romans : Jean-Claude Grumberg a beaucoup écrit sur son vécu d’enfant juif caché pendant la seconde guerre mondiale, sur son père déporté sans retour et sur son premier métier de tailleur. Au soir de sa vie, il entreprend de raconter sa mère, Suzanne, qui, passée au travers des mailles de la déportation, s’est toujours refusée à évoquer le passé après avoir retrouvé ces deux fils à Paris après-guerre.
Quelques anecdotes et de rares photographies sont le seul matériau dont l’auteur dispose quand il s’attelle à son livre. C’est bien trop peu pour former la ligne d’un récit biographique. Alors, au premier abord découragé, il a l’idée, comme il l’a déjà fait par le passé, de recourir au conte. Usant des bribes échappées à l’oubli comme des cailloux d’un Petit Poucet, il enjambe ombres et lacunes chaussé de bottes de sept lieues, pour coudre à gros traits, entrelacés des fils plus fins de son propre cheminement intérieur dans cette démarche, la trajectoire trouée d’ellipses, comme autant de chambres d’écho de l’Histoire, d’un destin malmené par son siècle.
Ainsi, se superposant à l’ombre fuyante de la disparue née à Paris en 1907 de parents originaires de Brody, en Galicie – aujourd’hui ukrainienne, cette ville autrefois la plus juive d’Europe ne compte désormais plus aucun Juif ou presque parmi ses habitants –, resurgit un XXe siècle balafré par deux guerres mondiales, par les pogroms et par l’exil forcé des populations juives de toute l’Europe. Et si les récits maternels font défaut à l’auteur en laissant à leur place un silence assourdissant, nul n’est besoin au lecteur de surmener son imagination pour combler lui aussi, guidé par les flashs narratifs de ce conte, les trous d’une histoire individuelle confrontée comme tant d’autres aux inconcevables cauchemars à répétition nés de l’antisémitisme.
Hommage émouvant et tendre à une mère disparue, ce livre est aussi un nouveau round du combat littéraire de l’auteur contre la haine des Juifs, dans l’espoir qu’on puisse enfin la ranger au placard des temps ignares, comme ceux où l’on croyait encore que la terre était plate.
Pièces de théâtre, scénarios, récits pour enfants et romans : Jean-Claude Grumberg a beaucoup écrit sur son vécu d’enfant juif caché pendant la seconde guerre mondiale, sur son père déporté sans retour et sur son premier métier de tailleur. Au soir de sa vie, il entreprend de raconter sa mère, Suzanne, qui, passée au travers des mailles de la déportation, s’est toujours refusée à évoquer le passé après avoir retrouvé ces deux fils à Paris après-guerre.
Quelques anecdotes et de rares photographies sont le seul matériau dont l’auteur dispose quand il s’attelle à son livre. C’est bien trop peu pour former la ligne d’un récit biographique. Alors, au premier abord découragé, il a l’idée, comme il l’a déjà fait par le passé, de recourir au conte. Usant des bribes échappées à l’oubli comme des cailloux d’un Petit Poucet, il enjambe ombres et lacunes chaussé de bottes de sept lieues, pour coudre à gros traits, entrelacés des fils plus fins de son propre cheminement intérieur dans cette démarche, la trajectoire trouée d’ellipses, comme autant de chambres d’écho de l’Histoire, d’un destin malmené par son siècle.
Ainsi, se superposant à l’ombre fuyante de la disparue née à Paris en 1907 de parents originaires de Brody, en Galicie – aujourd’hui ukrainienne, cette ville autrefois la plus juive d’Europe ne compte désormais plus aucun Juif ou presque parmi ses habitants –, resurgit un XXe siècle balafré par deux guerres mondiales, par les pogroms et par l’exil forcé des populations juives de toute l’Europe. Et si les récits maternels font défaut à l’auteur en laissant à leur place un silence assourdissant, nul n’est besoin au lecteur de surmener son imagination pour combler lui aussi, guidé par les flashs narratifs de ce conte, les trous d’une histoire individuelle confrontée comme tant d’autres aux inconcevables cauchemars à répétition nés de l’antisémitisme.
Hommage émouvant et tendre à une mère disparue, ce livre est aussi un nouveau round du combat littéraire de l’auteur contre la haine des Juifs, dans l’espoir qu’on puisse enfin la ranger au placard des temps ignares, comme ceux où l’on croyait encore que la terre était plate.