Vincent est en vie, au sens littéral du terme, mais en réalité, il est mort, il y a deux décennies. Physiquement, il est en liberté, mais il est emprisonné à l’intérieur de lui. Sa cellule est son corps, les barreaux sont son chagrin et la fenêtre est l’attente de sa vengeance. Cette dernière est imminente. Ceux qui ont violé, torturé et assassiné sa Bénédicte ont purgé leur peine. Vincent est prêt, il les attend : cela fait vingt ans qu’il se prépare. Il va tuer les barbares qui ont massacré son épouse. « Le moment approche, ma douce, ils seront bientôt libres et,
je ne sais pas encore comment, mais ils payeront plus cher que ce qu’ils ont déjà payé » (p. 25). Ce ne sera pas facile : ils sont trois et ils sont jeunes ; Vincent est seul et il a quatre-vingt-six ans.
Ce n’est pas l’emménagement d’une famille, dans la maison en face de chez lui, qui va contrecarrer ses plans. Il ne doit sa survie qu’à la perspective d’en découdre avec les monstres qui lui ont pris celle qu’il aimait, après dix-huit heures de supplices. Aucun obstacle ne l’empêchera d’accomplir son dessein. La première rencontre avec ses nouveaux voisins ne se déroule pas sous les meilleurs auspices. Vincent est odieux et il tient des propos abjects et racistes. Il a de la chance que Bao ne lui fasse pas sentir la puissance musculaire de ses 130 kilos. J’ai, alors pensé, que j’allais détester le vieil homme. Heureusement, le vieux bougon change d’attitude et ne parvient pas à cacher sa nature véritable, qui est à l’opposé de ce qu’il montre. Et contre toute attente, une amitié se noue entre lui et ses nouveaux voisins. Ces derniers lui apportent une aide précieuse, dans son quotidien… et le soutiennent dans la réalisation de son projet. Est-ce parce qu’il y a des douleurs qui se reconnaissent ? Vincent devrait-il se méfier d’eux ? Vincent est prêt, la bête également.
…Et pour le pire est un récit d’alternance. Le mauvais caractère de Vincent côtoie la profondeur de son cœur. La bête qu’il nourrit est un mélange de force et de douceur. L’attitude raciste est une expression de son amour de l’Afrique. Le rejet du seul proche qui s’intéresse à lui est une protection. Les muscles de Bao sont l’enveloppe de sa tendresse et son stoïcisme est alimenté par une haine. Les scènes atroces des tortures subies par Bénédicte sont suivies de passages émouvants. Le lecteur voit ses doutes amoindris par l’envie de faire confiance, sa méfiance est endormie et se trompe de cible. Il s’aperçoit qu’il désire que le mal soit vengé, mais ne veut pas que de conséquences pour celui qui passera de l’autre côté, paré à franchir la limite avec lui. Même si certaines situations ne semblent pas toujours réalistes, il le suit et il tremble. Vingt ans, c’est une peine tellement courte pour les crimes commis. Mais c’est long pour celui qui attend…
J’avais adoré Benzos de Noël Boudou et j’ai encore plus aimé …Et pour le pire. C’est un suspense sombre, entrecoupé de passages émouvants et d’autres amusants. En effet, le caractère bougon de Vincent est un régal.
Il les attend...
Vincent est en vie, au sens littéral du terme, mais en réalité, il est mort, il y a deux décennies. Physiquement, il est en liberté, mais il est emprisonné à l’intérieur de lui. Sa cellule est son corps, les barreaux sont son chagrin et la fenêtre est l’attente de sa vengeance. Cette dernière est imminente. Ceux qui ont violé, torturé et assassiné sa Bénédicte ont purgé leur peine. Vincent est prêt, il les attend : cela fait vingt ans qu’il se prépare. Il va tuer les barbares qui ont massacré son épouse. « Le moment approche, ma douce, ils seront bientôt libres et, je ne sais pas encore comment, mais ils payeront plus cher que ce qu’ils ont déjà payé » (p. 25). Ce ne sera pas facile : ils sont trois et ils sont jeunes ; Vincent est seul et il a quatre-vingt-six ans.
Ce n’est pas l’emménagement d’une famille, dans la maison en face de chez lui, qui va contrecarrer ses plans. Il ne doit sa survie qu’à la perspective d’en découdre avec les monstres qui lui ont pris celle qu’il aimait, après dix-huit heures de supplices. Aucun obstacle ne l’empêchera d’accomplir son dessein. La première rencontre avec ses nouveaux voisins ne se déroule pas sous les meilleurs auspices. Vincent est odieux et il tient des propos abjects et racistes. Il a de la chance que Bao ne lui fasse pas sentir la puissance musculaire de ses 130 kilos. J’ai, alors pensé, que j’allais détester le vieil homme. Heureusement, le vieux bougon change d’attitude et ne parvient pas à cacher sa nature véritable, qui est à l’opposé de ce qu’il montre. Et contre toute attente, une amitié se noue entre lui et ses nouveaux voisins. Ces derniers lui apportent une aide précieuse, dans son quotidien… et le soutiennent dans la réalisation de son projet. Est-ce parce qu’il y a des douleurs qui se reconnaissent ? Vincent devrait-il se méfier d’eux ? Vincent est prêt, la bête également.
…Et pour le pire est un récit d’alternance. Le mauvais caractère de Vincent côtoie la profondeur de son cœur. La bête qu’il nourrit est un mélange de force et de douceur. L’attitude raciste est une expression de son amour de l’Afrique. Le rejet du seul proche qui s’intéresse à lui est une protection. Les muscles de Bao sont l’enveloppe de sa tendresse et son stoïcisme est alimenté par une haine. Les scènes atroces des tortures subies par Bénédicte sont suivies de passages émouvants. Le lecteur voit ses doutes amoindris par l’envie de faire confiance, sa méfiance est endormie et se trompe de cible. Il s’aperçoit qu’il désire que le mal soit vengé, mais ne veut pas que de conséquences pour celui qui passera de l’autre côté, paré à franchir la limite avec lui. Même si certaines situations ne semblent pas toujours réalistes, il le suit et il tremble. Vingt ans, c’est une peine tellement courte pour les crimes commis. Mais c’est long pour celui qui attend…
J’avais adoré Benzos de Noël Boudou et j’ai encore plus aimé …Et pour le pire. C’est un suspense sombre, entrecoupé de passages émouvants et d’autres amusants. En effet, le caractère bougon de Vincent est un régal.