“La connaissance du passé nous rappelle au devoir de tolérance, la fausse philosophie de l’Histoire répand le fanatisme.” Cette citation de Raymond Aron reprise dans l’ouvrage de Guillaume Bachelay dit assez bien le projet de cet homme politique épris de lettres. Un des derniers du genre en vérité car n’oublions pas qu’il y eut, autrefois, des hommes politiques cultivés et profondément pétris de littérature. Aujourd’hui, le personnel politique surfe comme tout le monde sur la toile et reste à la surface des choses. Il suffit de regarder les séances de l’Assemblée
Nationale sur la chaîne parlementaire pour saisir l’ère du temps. Disparus Clémenceau, Jaurès, De Gaulle et Mitterrand mais aussi tous ceux qui plus discrets, moins charismatiques, entretenaient des liens profonds avec la littérature, la philosophie et l’histoire.
Guillaume Bachelay est un homme pragmatique. Il sait que la politique, pour conserver sa puissance et sa noblesse, a besoin de se nourrir aux meilleures sources et particulièrement celles de l’humanisme et de la littérature, le meilleur antidote contre le fanatisme, la réaction et le nationalisme. “C’est dans les lettres plus que dans les chiffres que la République, la politique et la gauche, ma famille trouveront l’inspiration et l’ardeur à l’heure où elles doivent affronter tous les périls et toutes les mutations la fois – terrorisme, climat, régulation financières, relance européenne, transitions écologiques et numériques, industrie nouvelle, emploi, démocratie. (…) Pour penser l’avenir et le dessiner, la littérature est un point d’appui. Et d’abord le roman, capable de restituer la totalité d’une époque, depuis Hugo qui fait surgir la modernité sur la scène qu’occupait le Moyen Âge dans “Notre-Dame de Paris”, classique parmi les classiques, jusqu’aux “Heures souterraines” où Delphine de Vigan évoque le harcèlement moral au travail qui détruit Mathilde à petit feu. Indispensable littérature, irremplaçables lectures quand les progressistes doivent, sur le continent et dans notre pays, affronter le bloc réactionnaire, cet espace idéologique et électoral où l’extrême droite et la part extrémisée de la droite font jonction.” Bachelay n’a pas vraiment besoin de dramatiser la situation. Nous assistons effectivement au long glissement des démocraties européennes vers le populisme sans qu’aucune alternative ne semble réellement émerger.
L’époque que nous vivons a été définie par les Lumières mais désormais le socle sur lequel nous devons construire se dérobe sous nos pieds. Bachelay, et sans doute là sa force, nous propose une vigoureuse cure de littérature avec des inspirateurs tels que Balzac, Hugo, Bernanos, Sagan, Pérec, Houellebecq. La proposition est surprenante mais après tout proposer la littérature comme recours redonne du sens à notre réflexion et plus largement à l’action politique. Merci Monsieur Bachelay !
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)
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“La connaissance du passé nous rappelle au devoir de tolérance, la fausse philosophie de l’Histoire répand le fanatisme.” Cette citation de Raymond Aron reprise dans l’ouvrage de Guillaume Bachelay dit assez bien le projet de cet homme politique épris de lettres. Un des derniers du genre en vérité car n’oublions pas qu’il y eut, autrefois, des hommes politiques cultivés et profondément pétris de littérature. Aujourd’hui, le personnel politique surfe comme tout le monde sur la toile et reste à la surface des choses. Il suffit de regarder les séances de l’Assemblée Nationale sur la chaîne parlementaire pour saisir l’ère du temps. Disparus Clémenceau, Jaurès, De Gaulle et Mitterrand mais aussi tous ceux qui plus discrets, moins charismatiques, entretenaient des liens profonds avec la littérature, la philosophie et l’histoire.
Guillaume Bachelay est un homme pragmatique. Il sait que la politique, pour conserver sa puissance et sa noblesse, a besoin de se nourrir aux meilleures sources et particulièrement celles de l’humanisme et de la littérature, le meilleur antidote contre le fanatisme, la réaction et le nationalisme. “C’est dans les lettres plus que dans les chiffres que la République, la politique et la gauche, ma famille trouveront l’inspiration et l’ardeur à l’heure où elles doivent affronter tous les périls et toutes les mutations la fois – terrorisme, climat, régulation financières, relance européenne, transitions écologiques et numériques, industrie nouvelle, emploi, démocratie. (…) Pour penser l’avenir et le dessiner, la littérature est un point d’appui. Et d’abord le roman, capable de restituer la totalité d’une époque, depuis Hugo qui fait surgir la modernité sur la scène qu’occupait le Moyen Âge dans “Notre-Dame de Paris”, classique parmi les classiques, jusqu’aux “Heures souterraines” où Delphine de Vigan évoque le harcèlement moral au travail qui détruit Mathilde à petit feu. Indispensable littérature, irremplaçables lectures quand les progressistes doivent, sur le continent et dans notre pays, affronter le bloc réactionnaire, cet espace idéologique et électoral où l’extrême droite et la part extrémisée de la droite font jonction.” Bachelay n’a pas vraiment besoin de dramatiser la situation. Nous assistons effectivement au long glissement des démocraties européennes vers le populisme sans qu’aucune alternative ne semble réellement émerger.
L’époque que nous vivons a été définie par les Lumières mais désormais le socle sur lequel nous devons construire se dérobe sous nos pieds. Bachelay, et sans doute là sa force, nous propose une vigoureuse cure de littérature avec des inspirateurs tels que Balzac, Hugo, Bernanos, Sagan, Pérec, Houellebecq. La proposition est surprenante mais après tout proposer la littérature comme recours redonne du sens à notre réflexion et plus largement à l’action politique. Merci Monsieur Bachelay !
Archibald PLOOM (CULTURE-CHRONIQUE.COM)