Le plus connu des écrivains suisses du XXème siècle, Camille Duval, est mort alors qu’il vivait solitaire et mystérieusement reclus en Alaska. Carole Courvoisier fait partie des chercheurs qui s’étonnent d’un silence d’une douzaine d’années dans l’oeuvre de l’auteur, suivi du changement abrupt de style entre sa première période européenne et sa deuxième manière. Elle part sur ses traces aux Etats-Unis, d’abord à New York où elle organise un colloque, puis vers l’Ouest en tant qu’enseignante, avant d’arriver enfin sur la petite île de Sitka où elle retrouve
la cabane de l’auteur tant admiré.
Après des premiers chapitres suffisamment alléchants, qui mettent en place l’entourage de cet écrivain méconnu, son épouse morte en Suisse, sa fille unique, une éventuelle dame de compagnie ou infirmière, le roman explore de façon très intéressante le thème du changement de personnalité. Quelles peuvent en être les causes, accident, maladie, usage de substances permettant d’accéder à la transe ?
Le roman débute en novembre 2000 à New York, où Carole entame des recherches qui ne portent plus uniquement sur les écrits de son auteur favori, mais nécessitent des rencontres avec ceux qui ont connu Camille Duval. Le personnage de Jasper, un jeune vétéran d’Irak, rencontré par accident, apporte un regard neuf sur les recherches de Carole et l’embarque souvent dans des directions qu’elle aurait jugées incongrues auparavant. Bien des situations dans cette épopée prêtent à sourire et les passages décrivant les relations de Carole et sa mère venue lui rendre visite, ainsi que les anecdotes sur les rivalités entre chercheurs et sur l’enseignement du français dans les universités américaines, sont particulièrement réussis, et m’ont bien divertie.
L’Alaska réserve bien sûr son lot de surprises, et l’ours du titre, une femelle grizzli, sera l’une d’entre elles. Ce roman au croisement du polar, du road-movie et de l’enquête littéraire, approfondit suffisamment la psychologie des personnages pour que j’aie marché à fond, et eu du mal à décoller le nez de mon livre. Je sais que certains vont dire qu’ils préfèrent les enquêtes biographiques sur des écrivains réels, moi, je suis plus à mon aise avec la pure fiction qu’avec une recherche sur un auteur que je connais peu, où j’ai du mal à saisir quelle est la part de fantaisie et celle de vérité.
Je suis contente d’avoir repéré sur le site de l’éditeur ce premier roman, attirée par le titre et la quatrième de couverture, ça a été une très bonne lecture, divertissante tout en ne lâchant rien sur le style, amusante sans être excessivement loufoque… Et même si on devine à un certain moment le « pourquoi du comment », cela reste très agréable de poursuivre pour vérifier sa propre théorie, en s’attendant à devoir la remettre en cause à tout moment.
Road-movie littéraire
Le plus connu des écrivains suisses du XXème siècle, Camille Duval, est mort alors qu’il vivait solitaire et mystérieusement reclus en Alaska. Carole Courvoisier fait partie des chercheurs qui s’étonnent d’un silence d’une douzaine d’années dans l’oeuvre de l’auteur, suivi du changement abrupt de style entre sa première période européenne et sa deuxième manière. Elle part sur ses traces aux Etats-Unis, d’abord à New York où elle organise un colloque, puis vers l’Ouest en tant qu’enseignante, avant d’arriver enfin sur la petite île de Sitka où elle retrouve la cabane de l’auteur tant admiré.
Après des premiers chapitres suffisamment alléchants, qui mettent en place l’entourage de cet écrivain méconnu, son épouse morte en Suisse, sa fille unique, une éventuelle dame de compagnie ou infirmière, le roman explore de façon très intéressante le thème du changement de personnalité. Quelles peuvent en être les causes, accident, maladie, usage de substances permettant d’accéder à la transe ?
Le roman débute en novembre 2000 à New York, où Carole entame des recherches qui ne portent plus uniquement sur les écrits de son auteur favori, mais nécessitent des rencontres avec ceux qui ont connu Camille Duval. Le personnage de Jasper, un jeune vétéran d’Irak, rencontré par accident, apporte un regard neuf sur les recherches de Carole et l’embarque souvent dans des directions qu’elle aurait jugées incongrues auparavant. Bien des situations dans cette épopée prêtent à sourire et les passages décrivant les relations de Carole et sa mère venue lui rendre visite, ainsi que les anecdotes sur les rivalités entre chercheurs et sur l’enseignement du français dans les universités américaines, sont particulièrement réussis, et m’ont bien divertie.
L’Alaska réserve bien sûr son lot de surprises, et l’ours du titre, une femelle grizzli, sera l’une d’entre elles. Ce roman au croisement du polar, du road-movie et de l’enquête littéraire, approfondit suffisamment la psychologie des personnages pour que j’aie marché à fond, et eu du mal à décoller le nez de mon livre. Je sais que certains vont dire qu’ils préfèrent les enquêtes biographiques sur des écrivains réels, moi, je suis plus à mon aise avec la pure fiction qu’avec une recherche sur un auteur que je connais peu, où j’ai du mal à saisir quelle est la part de fantaisie et celle de vérité.
Je suis contente d’avoir repéré sur le site de l’éditeur ce premier roman, attirée par le titre et la quatrième de couverture, ça a été une très bonne lecture, divertissante tout en ne lâchant rien sur le style, amusante sans être excessivement loufoque… Et même si on devine à un certain moment le « pourquoi du comment », cela reste très agréable de poursuivre pour vérifier sa propre théorie, en s’attendant à devoir la remettre en cause à tout moment.