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Sceaux, 1966. Annie a des livres plein la tête et des rêves qui se bousculent. Dans la librairie de son grand-père, chaque bruissement de page l'éloigne de la sévérité de son éducation bourgeoise et lui fait oublier sa solitude : la Compagnie des livres est son refuge. Auvergne, 1966. Michel a perdu brutalement un être cher et son innocence d'enfant avec. Des parties de cache-cache dans les bois aux secrets confiés sur le chemin de l'école, rien ne sera plus comme avant.
Seuls les romans, qu'il lit caché dans le grenier, apaisent son chagrin. Lorsque les hasards de la vie poussent Annie et Michel à se rencontrer, il suffit d'un regard pour que ces deux passionnés de lecture se reconnaissent. Mais le monde dans lequel ils grandissent a établi des barrières sociales difficiles à franchir. Et Mai 68 a beau souffler un vent de révolte sur la France, les préjugés ont la vie dure.
Pourtant, ce printemps gorgé d'espoir, de liberté et de promesses leur appartient. Annie et Michel en sont convaincus : c'est maintenant ou jamais que doit s'écrire leur propre histoire.
Un très beau premier roman
1966 – Ses études de médecine achevées, Bernard emmène sa petite famille pour installer son cabinet et cloitrer sa femme Hélène dans une vie de famille bien rangée. Le ton est donné : on quitte Paris intramuros pour une résidence de banlieue. Hélène ne travaillera plus et fera figuration en tant que « l’épouse du médecin ». Annie, enfant sage, s’adapte et trouve refuge dans la lecture avec la complicité de son grand-père libraire.
En Auvergne, Robert et Simone se battent pour conserver l’exploitation agricole en fermage à laquelle ils ont consacré toute leur énergie malgré les sacrifices. En vain, les héritiers ont les dents longues et il leur faudra trouver un plan B. Michel, enfant réservé, s’adapte et trouve refuge dans la lecture avec la complicité du grenier de la ferme.
On traverse deux décennies d’une époque marquée par les bouleversements et la prise de conscience. On est immergé dans deux univers radicalement opposés. Les grandes questions de l’époque sont bien présentes (classes sociales compartimentées, valeurs conservatrices, montée du féminisme, …).
A travers la destinée de deux familles dont rien ne pouvait dire qu’elles pourraient être liées, on découvre deux personnages attachants et attachés par un lien invisible mais si fort : le livre.
J’ai pris beaucoup de plaisir à voyager dans ces régions et ces époques en compagnie de ces deux familles. Certains ont reproché le ton quelque peu détaché voire froid de l’auteur, on peut se demander si justement ce ton n’est pas la juste retranscription de l’époque et de l’ambiance lourde d’une société pétrie de valeurs morales conservatrices trop lourdes pour sa jeunesse…