A la recherche du temps perdu Tome 11
La prisonnière (Première partie)

Par : Marcel Proust
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  • Nombre de pages144
  • PrésentationBroché
  • FormatGrand Format
  • Poids0.236 kg
  • Dimensions17,0 cm × 22,0 cm × 0,8 cm
  • ISBN979-10-418-1349-0
  • EAN9791041813490
  • Date de parution04/07/2023
  • ÉditeurCulturea

Résumé

Dès le matin, la tête encore tournée contre le mur, et avant d'avoir vu, au- dessus des grands rideaux de la fenêtre, de quelle nuance était la raie du jour, je savais déjà le temps qu'il faisait. Les premiers bruits de la rue me l'avaient appris, selon qu'ils me parvenaient amortis et déviés par l'humidité ou vibrants comme des flèches dans l'aire résonnante et vide d'un matin spacieux, glacial et pur ; dès le roulement du premier tramway, j'avais entendu s'il était morfondu dans la pluie ou en partance pour l'azur.
Et, peut-être, ces bruits avaient-ils été devancés eux-mêmes par quelque émanation plus rapide et plus pénétrante qui, glissée au travers de mon sommeil, y répandait une tristesse annonciatrice de la neige, ou y faisait entonner, à certain petit personnage intermittent, de si nombreux cantiques à la gloire du soleil que ceux-ci finissaient par amener pour moi, qui encore endormi commençais à sourire, et dont les paupières closes se préparaient à être éblouies, un étourdissant réveil en musique.
Ce fut, du reste, surtout de ma chambre que je perçus la vie extérieure pendant cette période. Je sais que Bloch raconta que, quand il venait me voir le soir, il entendait comme le bruit d'une conversation ; comme ma mère était à Combray et qu'il ne trouvait jamais personne dans ma chambre, il conclut que je parlais tout seul. Quand, beaucoup plus tard, il apprit qu'Albertine habitait alors avec moi, comprenant que je l'avais cachée à tout le monde, il déclara qu'il voyait enfin la raison pour laquelle, à cette époque de ma vie, je ne voulais jamais sortir.
Il se trompa. Il était d'ailleurs fort excusable, car la réalité même, si elle est nécessaire, n'est pas complètement prévisible. Ceux qui apprennent sur la vie d'un autre quelque détail exact en tirent aussitôt des conséquences qui ne le sont pas et voient dans le fait nouvellement découvert l'explication de choses qui précisément n'ont aucun rapport avec lui.
Dès le matin, la tête encore tournée contre le mur, et avant d'avoir vu, au- dessus des grands rideaux de la fenêtre, de quelle nuance était la raie du jour, je savais déjà le temps qu'il faisait. Les premiers bruits de la rue me l'avaient appris, selon qu'ils me parvenaient amortis et déviés par l'humidité ou vibrants comme des flèches dans l'aire résonnante et vide d'un matin spacieux, glacial et pur ; dès le roulement du premier tramway, j'avais entendu s'il était morfondu dans la pluie ou en partance pour l'azur.
Et, peut-être, ces bruits avaient-ils été devancés eux-mêmes par quelque émanation plus rapide et plus pénétrante qui, glissée au travers de mon sommeil, y répandait une tristesse annonciatrice de la neige, ou y faisait entonner, à certain petit personnage intermittent, de si nombreux cantiques à la gloire du soleil que ceux-ci finissaient par amener pour moi, qui encore endormi commençais à sourire, et dont les paupières closes se préparaient à être éblouies, un étourdissant réveil en musique.
Ce fut, du reste, surtout de ma chambre que je perçus la vie extérieure pendant cette période. Je sais que Bloch raconta que, quand il venait me voir le soir, il entendait comme le bruit d'une conversation ; comme ma mère était à Combray et qu'il ne trouvait jamais personne dans ma chambre, il conclut que je parlais tout seul. Quand, beaucoup plus tard, il apprit qu'Albertine habitait alors avec moi, comprenant que je l'avais cachée à tout le monde, il déclara qu'il voyait enfin la raison pour laquelle, à cette époque de ma vie, je ne voulais jamais sortir.
Il se trompa. Il était d'ailleurs fort excusable, car la réalité même, si elle est nécessaire, n'est pas complètement prévisible. Ceux qui apprennent sur la vie d'un autre quelque détail exact en tirent aussitôt des conséquences qui ne le sont pas et voient dans le fait nouvellement découvert l'explication de choses qui précisément n'ont aucun rapport avec lui.
Marcel Proust
Né en 1871 à Paris et mort dans la même ville en 1922, Marcel Proust est un des auteurs ayant le plus marqué le 20è siècle. Véritable monument de littérature, cet écrivain génial à la santé fragile a été élevé dans un milieu cultivé et bourgeois. Ayant effectué des études de droit et de lettres, il s'intéresse au milieu artistique et mondain parisien. Il devient ainsi journaliste chroniqueur et voyage dans l'Europe entière en essayant d'achever un roman commencé depuis longtemps. Après la mort de sa mère, il s'isole et se lance à corps perdu dans l'écriture de ses romans. Fruit de cet enfermement, A la recherche du temps perdu est composé de 7 romans dont les fabuleux Un amour de Swann et Du côté de chez Swann. De par sa réflexion pertinente sur de nombreux sujets philosophiques tels que le temps et la mémoire affective, l'amour et la jalousie (avec une grande place à l'homosexualité) et la longueur atypique de ses phrases, cet auteur inimitable s'est élevé au rang de mythe de la littérature française. Parmi les illustres écrivains français ayant marqué le 19ème siècle, Victor Hugo et Les Misérables est à lire absolument. Le siècle suivant est tout aussi riche en fabuleux auteurs aux textes intelligents dont Boris Vian avec L'Ecume des jours ou encore Jean Anouilh et son célèbre Antigone. Laissez-vous guider par notre communauté et profitez des meilleurs prix sur tous nos livres ainsi que notre garantie satisfait ou remboursé pour succomber à votre désir de lecture.
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