A la pointe extrême de la Bretagne, le cap de la Chèvre est l’un de ces bouts du monde, battus par les éléments, qui vous rappellent votre fragilité et votre finitude. Presque centenaire et donc aussi à l’extrémité de sa vie, François Cheng y a passé une nuit à méditer dans le fracas des vagues et la lumière de l’immensité étoilée. Il en tire un ouvrage lumineux où, bouleversant d’humilité, il revient pudiquement sur son parcours et partage, en toute simplicité, ses réflexions sur la vie, le mal, l’univers, la mort et son destin de poète.
Sobre et limpide, la prose agrémentée de quelques vers de cet académicien venu d'Extrême-Orient n’a besoin que de très peu de pages pour exprimer l’essentiel. Face à l’immensité du cosmos, le vieil homme pense la mort comme une nécessité au renouvellement de la vie qui, puisque comptée sur cette terre, n’en prend que plus de prix, « nous poussant vers l’urgence de vivre, en vue d’une forme d’accomplissement ou de sublimes dépassements. » Toutes uniques, « les vies sur terre ne sont pas des poignées de sable jetées au vent », elles font partie d’un équilibre naturel où « rien ne se perd et tout se féconde ». Et si le Mal « rendu possible par l’intelligence et la liberté dont nous jouissons » menace parfois « l’ordre de la Vie même », c’est le don sans réserve de l’amour, incarné notamment par le Christ, qui représente le véritable salut.
Vient alors naturellement la question du sens de la vie. Revenant sur son parcours, marqué par les guerres sino-japonaises, les guerres civiles et l’exil, il se souvient que, être en perdition, c’est la poésie qui l’a sauvé, plus précisément sa tradition orphique au travers notamment de Dante et de Rilke, mais aussi taoïste avec les chants de Qu Yuan, poète du IVe siècle avant notre ère encore commémoré en Chine lors du Duan-wu, la troisième plus grande fête du pays après le Nouvel An et la fête de la Lune. Et, tandis qu’à ses questionnements métaphysiques répond une philosophie rédemptrice et palingénésique, François Cheng de se sentir investi d’une mission : « accompagner toutes les âmes espérantes par son chant », son acte d’amour à lui pour les aider à traverser « les épreuves que comporte l’aventure de la Vie. »
Un texte magnifique, reflet d’une sagesse et d’une profondeur touchantes d’humilité et de générosité, pour nous rappeler, à l’instar d’André Malraux, qu’« une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie ».
A la pointe extrême de la Bretagne, le cap de la Chèvre est l’un de ces bouts du monde, battus par les éléments, qui vous rappellent votre fragilité et votre finitude. Presque centenaire et donc aussi à l’extrémité de sa vie, François Cheng y a passé une nuit à méditer dans le fracas des vagues et la lumière de l’immensité étoilée. Il en tire un ouvrage lumineux où, bouleversant d’humilité, il revient pudiquement sur son parcours et partage, en toute simplicité, ses réflexions sur la vie, le mal, l’univers, la mort et son destin de poète.
Sobre et limpide, la prose agrémentée de quelques vers de cet académicien venu d'Extrême-Orient n’a besoin que de très peu de pages pour exprimer l’essentiel. Face à l’immensité du cosmos, le vieil homme pense la mort comme une nécessité au renouvellement de la vie qui, puisque comptée sur cette terre, n’en prend que plus de prix, « nous poussant vers l’urgence de vivre, en vue d’une forme d’accomplissement ou de sublimes dépassements. » Toutes uniques, « les vies sur terre ne sont pas des poignées de sable jetées au vent », elles font partie d’un équilibre naturel où « rien ne se perd et tout se féconde ». Et si le Mal « rendu possible par l’intelligence et la liberté dont nous jouissons » menace parfois « l’ordre de la Vie même », c’est le don sans réserve de l’amour, incarné notamment par le Christ, qui représente le véritable salut.
Vient alors naturellement la question du sens de la vie. Revenant sur son parcours, marqué par les guerres sino-japonaises, les guerres civiles et l’exil, il se souvient que, être en perdition, c’est la poésie qui l’a sauvé, plus précisément sa tradition orphique au travers notamment de Dante et de Rilke, mais aussi taoïste avec les chants de Qu Yuan, poète du IVe siècle avant notre ère encore commémoré en Chine lors du Duan-wu, la troisième plus grande fête du pays après le Nouvel An et la fête de la Lune. Et, tandis qu’à ses questionnements métaphysiques répond une philosophie rédemptrice et palingénésique, François Cheng de se sentir investi d’une mission : « accompagner toutes les âmes espérantes par son chant », son acte d’amour à lui pour les aider à traverser « les épreuves que comporte l’aventure de la Vie. »
Un texte magnifique, reflet d’une sagesse et d’une profondeur touchantes d’humilité et de générosité, pour nous rappeler, à l’instar d’André Malraux, qu’« une vie ne vaut rien, mais rien ne vaut une vie ».