Ma rencontre avec l’auteur Antoine Dole date. Elle s’est faite en réalité via son pseudo Mr Tan, et la collection des Mortelle Adèle que ma grande fille dévorait autrefois. Puis, j’ai découvert ses romans, et notamment dernièrement Tout foutre en l’air, publié également dans une petite collection de chez Actes Sud. J’aime cet auteur qui allie à la fois le talent et une très belle personnalité. Antoine Dole aime le Japon et la culture japonaise. On peut le constater facilement d’ailleurs via ces petites photos magnifiques qu’il prend sous le pseudo de Mr Tan (voir Nendo
Stories sur facebook). Je n’ai donc pas été surprise de découvrir son titre de rentrée littéraire, destiné aux adolescents, qui dresse le portrait de huit jeunes gens en route pour assister à l’éclosion des cerisiers en fleurs à l’intérieur du parc Ueno de Tokyo. Ils ont tous en commun le fait d’être considérés comme des êtres sortis de la norme dans cette culture japonaise où la pression sociale est très forte. Ils sont devenus pour la plupart soit des anti-conformistes au look parfois extravagant, soit des fantômes, des exclus. Le premier personnage, Ayumi, est emblématique de ce terme Hikikomori, qui désigne ces adolescents coupés du monde qui n’arrivent plus à sortir de leur chambre. Mais il y a aussi Haruto, dont la vie a été chamboulée par le tsunami de 2011. Fuko, atteinte de leucémie, qui est condamnée et arrive au parc pourtant toute joyeuse dans un fauteuil roulant poussé par sa grande sœur. Noriyuki, qui est devenu sans domicile fixe, après avoir abandonné le domicile familial. Sora, qui affiche un look de genderless kei. Aïri, une fan qui se perd dans son amour obsessionnel pour son idole. Ils ne se connaissent pas mais vont se trouver réunis pour Hanami, le spectacle de l’éclosion des fleurs de cerisiers, pour un moment traditionnel important de grâce, de pause et de réflexion, de renouveau, qui réussira peut-être à changer leur vie. Personnellement, j’ai beaucoup aimé l’ambiance de ce roman choral dans un Tokyo foisonnant. J’ai pensé par certains aspects au film visionné il y a peu, Les délices de Tokyo, adaptation d’un roman de Durian Sukegawa, surtout avec ce chapitre sur le personnage de Daïsuké, qui travaille dans une échoppe à pancakes et vit encore chez ses parents. Le fait de n’avoir pas fait d’études, de travailler dans un endroit minuscule et peu valorisant pour un salaire de misère, le rend lui aussi de plus en plus transparent. On se demande, en tant que lecteur, quel avenir vont avoir tous ces êtres fragiles dans une société qui ne les attend pas pour avancer. On n’oublie pas aussi de faire le parallèle avec un système scolaire français qui ne laisse plus aux jeunes gens le temps de trouver leur voie, de se tromper ou de grandir. Antoine Dole distille pour autant dans son texte plusieurs éléments positifs, faits de rencontres possibles, de courage et d’espoir, qui font de ce roman un levier pour oser marquer sa différence et affirmer sa liberté.
Anticonformistes
Tout autour d'Hanami, des cerisiers en fleurs, de l'euphorie générale, camouflés dans la foule de Ueno Park, huit adolescents prennent la parole. Huit portraits de ces jeunes qui sortent des clous et doivent faire face à l’incompréhension familiale et sociale dans leur quotidien.
Un roman comme un hommage à la culture japonaise et ses traditions. Un roman comme une vague d'amour pour tous ces adolescents uniques, animés par une soif insatiable de liberté !