Il y a vingt ans, l’aventurière franco-finlandaise Dominick Arduin disparaissait alors qu’elle tentait, à pied et en solitaire, de rejoindre le pôle Nord géographique. Une polémique s’ensuivait, nourrie par un témoignage familial sur sa tendance à l’affabulation. Ce qu’elle avait toujours raconté de son passé, la mort accidentelle de toute sa famille, sa victoire sur le cancer, certains de ses exploits d’aventure sportive, aurait été faux. Un constat qui laissait libre champ à toutes les spéculations autour de son évaporation dans le grand blanc arctique et dont l’auteur et scénariste Thomas Gayet s’est librement inspiré pour un roman mariant psychologie et aventure.
On entre dans l’histoire d’Alix Rodin par la presque fin, lorsque sa première tentative au pôle Nord, très mal préparée, se solde in extremis par un sauvetage. La quadragénaire y laisse peut-être ses orteils, mais pas sa détermination. Alors, à l’agence Pole Unlimited en charge de la logistique de ses expéditions, Sébastien lui concocte un programme de préparation intensive. Pendant un an, on la voit sur les réseaux sociaux parfaire son entraînement en milieu polaire, courir les sponsors et fréquenter les journalistes, comme Venia, la finlandaise qui lui consacre un reportage au long cours. Contrairement au lecteur averti dès l’exergue du roman, aucun ne se doute de l’issue fatale qui va suivre.
Pourtant, lors de cette année charnière, doutes et perplexité vont si bien grandir, tant dans l’entourage d’Alix que dans la tête du lecteur, que la disparition de l’aventurière dans les toutes dernières pages ne paraîtra au final qu’une conclusion logique et naturelle. En total décalage avec l’image d’une battante sportive et aguerrie, rompue aux épreuves de toutes sortes, se dévoilent peu à peu les terribles failles d’une personnalité pathologique, entraînée par ses blessures narcissiques dans des délires mégalomaniaques et une mythomanie que peu perceront vraiment à jour mais que tous sentiront confusément avec malaise.
Alors, maintenant au fait des projections abstraites à l’origine de la quête d’absolu d’Alix, c’est doublement prévenu du désastre à venir que l’on aborde cette fois la seconde expédition en solitaire de cette femme, fantoche manoeuvré par des fantasmes vite balayés par une nature impitoyable à qui on ne ment pas. Bornée par chacune des deux tentatives d’Alix, l’une par ce que l’on pense une aventurière aguerrie, l’autre par ce que l’on sait en vérité un petit bout de femme déconnectée de la réalité, la narration boucle la boucle en fondant les blancs de sa personnalité dans celui, immense et glacial, des étendues polaires.
Un roman fascinant, paradoxalement non dénué d’humour, entre âpres réalités extrêmes de l’Arctique et mirages d’une personnalité troublée que rien ni personne n’aura pu retenir de sombrer corps et âme au bout de ses délires.
Il y a vingt ans, l’aventurière franco-finlandaise Dominick Arduin disparaissait alors qu’elle tentait, à pied et en solitaire, de rejoindre le pôle Nord géographique. Une polémique s’ensuivait, nourrie par un témoignage familial sur sa tendance à l’affabulation. Ce qu’elle avait toujours raconté de son passé, la mort accidentelle de toute sa famille, sa victoire sur le cancer, certains de ses exploits d’aventure sportive, aurait été faux. Un constat qui laissait libre champ à toutes les spéculations autour de son évaporation dans le grand blanc arctique et dont l’auteur et scénariste Thomas Gayet s’est librement inspiré pour un roman mariant psychologie et aventure.
On entre dans l’histoire d’Alix Rodin par la presque fin, lorsque sa première tentative au pôle Nord, très mal préparée, se solde in extremis par un sauvetage. La quadragénaire y laisse peut-être ses orteils, mais pas sa détermination. Alors, à l’agence Pole Unlimited en charge de la logistique de ses expéditions, Sébastien lui concocte un programme de préparation intensive. Pendant un an, on la voit sur les réseaux sociaux parfaire son entraînement en milieu polaire, courir les sponsors et fréquenter les journalistes, comme Venia, la finlandaise qui lui consacre un reportage au long cours. Contrairement au lecteur averti dès l’exergue du roman, aucun ne se doute de l’issue fatale qui va suivre.
Pourtant, lors de cette année charnière, doutes et perplexité vont si bien grandir, tant dans l’entourage d’Alix que dans la tête du lecteur, que la disparition de l’aventurière dans les toutes dernières pages ne paraîtra au final qu’une conclusion logique et naturelle. En total décalage avec l’image d’une battante sportive et aguerrie, rompue aux épreuves de toutes sortes, se dévoilent peu à peu les terribles failles d’une personnalité pathologique, entraînée par ses blessures narcissiques dans des délires mégalomaniaques et une mythomanie que peu perceront vraiment à jour mais que tous sentiront confusément avec malaise.
Alors, maintenant au fait des projections abstraites à l’origine de la quête d’absolu d’Alix, c’est doublement prévenu du désastre à venir que l’on aborde cette fois la seconde expédition en solitaire de cette femme, fantoche manoeuvré par des fantasmes vite balayés par une nature impitoyable à qui on ne ment pas. Bornée par chacune des deux tentatives d’Alix, l’une par ce que l’on pense une aventurière aguerrie, l’autre par ce que l’on sait en vérité un petit bout de femme déconnectée de la réalité, la narration boucle la boucle en fondant les blancs de sa personnalité dans celui, immense et glacial, des étendues polaires.
Un roman fascinant, paradoxalement non dénué d’humour, entre âpres réalités extrêmes de l’Arctique et mirages d’une personnalité troublée que rien ni personne n’aura pu retenir de sombrer corps et âme au bout de ses délires.