Plonger, ce verbe est le titre de ce roman récit qui nous parle d’une belle histoire d’amour et comme le dit si bien la chanson les histoires d’amour finissent mal en général.
Je ne dévoile rien en vous disant que César, le narrateur, va devoir aller reconnaître le corps de Paz, qui s’est noyée dans les Emirats Arabes.
Il est journaliste culturel à Paris et croise un soir dans une épicerie de quartier Paz une belle asturienne, qui dévalise l’épicier de ses bombes nettoyantes. Des bombes pour nettoyer les objectifs des appareils photos. Après une enquête, il va découvrir
qu’elle est photographe et va tout faire pour la rencontrer. Il va écrire un article élogieux sur son travail.
Ils vont alors vivre une belle histoire d’amour mais tumultueuse. Qui est vraiment Paz, elle est si assoiffée d’aventures alors que lui, a décidé de rester en Europe et de fréquenter les musées.
Christophe Ono Dit Biot nous parle très bien du désir.
De belles pages aussi sur l’art contemporain, sur des lieux magiques ou ordinaires. On a envie de déambuler dans les couloirs des musées, de prendre les chemins de bord de mer, de flaner dans les ruelles de Venise.
Ce livre nous parle de notre vie actuelle, de l’art contemporain, de la situation de l’Europe et du monde, de la vie individuelle face au monde.
Pourquoi plonger, car Paz meurt noyée mais aussi parce qu’ elle a un rapport particulier à l’eau. L’eau est quasiment présent dans tout le roman, que ce soit Paz, avec les cheveux mouillés en sortant d’une piscine parisienne, ou sur une plage asturienne ou italienne, que ce soit un soir de Biennale d’art contemporain à Venise, que ce soit de superbes pages sur la plongée, on s’y croirait. Que ce soit cette histoire d’adoption de requins, le premier fils de Paz. Eh oui, On peut adopter un requin et le suivre pendant sa vie.
Lors d’une rencontre, Christophe Ono Dit Biot a relativisé le danger des requins qui ne tuent pas autant de personnes. Doit’ on interdire les voitures après tous ces décès lors d’accidents de la route !!
Un enfant va naître de cette union et le narrateur écrit d’ailleurs ce livre pour son fils, pour lui laisser une trace sur la vie de sa mère.
Une écriture fluide, très imagée font de ce livre un plaisir de lecture. Des images jaillissent de certaines pages et on a envie d’aller découvrir ces lieux susceptibles de disparaître. D’ailleurs, le couple avait le projet d’écrire un livre sur les lieux susceptibles de disparaître en Europe.
On ressent un sentiment de nostalgie, le long des pages. J’ai beaucoup aimé le rapport au classique, que ce soit à la mythologie, à l’art classique ou à la littérature. Mais cette culture classique permet aussi d’appréhender l’art contemporain et des pages sur les galeristes et certains artistes contemporains sont très pertinentes et succulentes.
Ce livre m’a fait penser au livre d’Eric Reinhardt, Cendrillon, qui appréhende aussi nos sociétés d’un point de vue culturel. Il y avait d’ailleurs dans ce livre de Reinhardt de belles pages sur la danse contemporaine.
Ce narrateur ressemble étrangement à l’auteur, lui-même journaliste culturel dans un grand périodique français mais comme il le dit souvent en rencontre, Flaubert, un monsieur barbu était aussi Madame Bovary. ( !!)
Mais il y a des pages qui semblent si réalistes qu’on ne peut que penser que l’auteur-narrateur les a vécu.
Un livre sur notre époque, politique et culturelle avec une belle écriture. D’ailleurs, ce livre vient d’être primé par l’Académie Française, ce qui a beaucoup touché Christophe Ono Dit Biot.
Une belle découverte de cette rentrée littéraire et l’auteur a réussi à écrire un livre beaucoup plus abouti que ses précédents, Birmane par exemple.
Merci infiniment à entreelivre de m'avoir permis de lire ce livre
Emouvant
Roman touchant et captivant !
C'est l'histoire d'une histoire d'amour. Un père raconte à son fils l'histoire entre lui, César, et sa mère, Paz. Ils sont amoureux, fous l'un de l'autre, elle est une artiste, libre, vivante, lui est plus âgé, veut un enfant de cette femme qu'il aime tant. L'enfant viendra mais sa mère s'en ira. Paz s'enfuit, se perd, le quotidien ne lui suffit plus, son enfant non plus, son homme non plus. César va la chercher pour lui et pour son fils, pour trouver les réponses qu'il n'a pas.
Et voilà la première page qui vient vous captiver "Tout a commencé avec ta naissance. Pour toi. Tout a fini avec ta naissance. Pour nous. Moi, ton père. Elle, ta mère. Ta vie fut notre mort. La mort de ce nous, cette entité de chair et d'âme qui avait présidé à ta naissance : un homme et une femme qui s'aimaient."
Ce livre dévoile une écriture percutante, poétique, un rythme entraînant et une histoire envoûtante. L'auteur nous touche, il décrit notre époque avec véracité et justesse, sans tomber dans le mièvre. C'est un beau roman qui nous raconte la naissance d'un amour, sa maturité et ses tragédies, ses secrets et ses souffrances.
A lire, à offrir, à raconter !