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Si le Mussolini "politique" est aujourd'hui bien connu, rien n'existait sur le Duce en guerre. Voici la première synthèse sur le sujet.
Depuis son accession au pouvoir en 1922, Mussolini n'a eu de cesse de réclamer la révision des traités de paix consécutifs au premier conflit mondial. Lorsqu'en juin 1940 il déclare la guerre à la France, il est convaincu que l'Italie peut, en menant une guerre parallèle à celle de l'Allemagne, devenir à moindres frais la principale puissance du bassin méditerranéen.
Le conflit se propageant, le Duce engage son armée sur plusieurs théâtres d'opération, alors qu'elle souffre pourtant de graves carences dont il est informé, mais qu'il minimise. Après quelques mois, les Italiens sont partout en difficulté. La guerre parallèle souhaitée se transforme en guerre subalterne subie, le sort de l'Italie et de son chef dépendant désormais entièrement des résultats allemands.
L'erreur majeure du dirigeant fasciste fut sans aucun doute d'avoir cru que la participation à la guerre d'Hitler aurait permis de placer l'Italie dans une position internationale en réalité bien trop élevée au regard des moyens dont disposait le pays.
Le comportement de Mussolini comme chef de guerre, les choix qu'il a opérés, les directives stratégiques qu'il a données, ou non, son amateurisme, aussi, ne peuvent être compris qu'en étudiant son caractère, la nature exacte de son pouvoir, ses rapports avec l'armée et, surtout, l'idéologie qui l'anime. C'est ce à quoi s'emploie Max Schiavon dans ce livre novateur et original, nourri aux meilleures sources internationales.
RECOMMANDE PAR LE SITE CULTURE-CHRONIQUE
Max Schiavon a dirigé la recherche du Service historique de la défense et c’est un spécialiste de l’histoire militaire. Son ouvrage “Mussolini – Un dictateur en guerre” se présente comme une approche rigoureuse de la politique belliciste du Duce. Aborder la période de la dictature mussolinienne sous l’angle de la guerre permet de mieux saisir la psychologie du dictateur italien qui base sa politique extérieure sur un pari : menée une guerre parallèle à celle de l’Allemagne et devenir la grande puissance méditerranéenne. Le Duce rêve de rafler la mise en jouant habilement le poisson pilote du requin hitlérien. Mais les qualités de l’armée italienne sont très loin de celles de la Wehrmacht et le calcul du dictateur italien va s’avérer finalement contre productif. Les soldats italiens se révèlent être de pâles copies des légionnaires romains et les différentes campagnes où ils sont engagés tournent en leur défaveur.
Schivon met en avant les nombreuses défaillances de l’armée italienne que Mussolini a négligé, préférant chérir des rêves de grandeur plutôt que de s’occuper de logistique. Ainsi pense-t-il que la supériorité numérique suffit pour l’emporter. Mais quid de cette supériorité quand les camions, les armes et le matériel manquent cruellement. En cela le Duce est à l’opposé de son allié allemand, souvent imprévoyant et presque toujours défait. Si les italiens parviennent à sauver la face en Ethiopie et lors du coup de main en Albanie, l’offensive des Alpes contre les Français est un échec et c’est la tragédie en Egypte et en Grèce.
La stratégie de Mussolini concentrée sur la Méditerranée a été pourtant trop dispersée et son prix en homme et en matériel a été au delà des moyens du pays sans parler du calvaire russe que le Duce imposa à un contingent de soldats italiens. L’amateurisme du dictateur italien va couter très cher à son pays qui devra désormais compter sur les succès de la Wehrmacht pour conserver les quelques avantages pris ici ou là.
Max Schiavon met parfaitement en relation la psychologie du Duce et la stratégie qu’il développa sur le plan militaire tout en mettant parallèlement en évidence la dimension idéologique qui orienta ses choix. Preuve qu’on en a jamais fini avec l’histoire , ce “Mussolini” montre à quel point les avancées dans le domaine de la recherche historique demande du temps.
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