En cours de chargement...
Mère-vieille racontait est la « chronique d'une mort annoncée » - celle d'un hameau perdu de Transylvanie -, qu'une « ancienne » s'efforce de retarder en ressuscitant les vieilles histoires, les vieux mystères... Un étranger, visiteur de passage, se trouvera pris dans les rets de ce monde en marge du réel - d'autant plus que, devenue sur le tard une lectrice férue de grande littérature, « mère-vieille mâtine » les véritables souvenirs d'indémêlables échos de Boulgakov, d'Italo Calvino, et de bien d'autres.
Cet homme, alias le narrateur et l'auteur lui-même - se fera le dépositaire, puis le transmetteur de cet héritage, après la mort de la conteuse. La plupart des protagonistes de Mère-Vieille racontait ont bel et bien vécu ou vivent encore...Évoquer Gabriel García Márquez n'est pas fortuit : le roman de Radu Tuculescu dégage le même air frais à la fois local et universel. Il dépeint un monde rude aux lois ancestrales, un monde des hommes, en apparence, mais de fait subtilement gouverné par le principe féminin.
EXTRAITIls ont tellement grossi, les pieds de mère-vieille, qu'elle ne rentre plus que dans une paire de chaussons éculés de la pointure 42, le temps de se déplacer en bas de sa maison, là où se trouvent la cuisine et une chambre, dans la cour, pour s'occuper de ses poules, et parfois jusqu'à la porte de sa clôture, pour regarder le monument dans la pierre duquel on a creusé les noms des hommes tombés durant les deux guerres mondiales.
Et puis, c'est tout. Ce sont là ses seuls moments d'exercice. Ses jambes, elle ne les sent plus des genoux jusqu'en bas ; elle ne sent rien non plus si on lui pince le dos des paumes ; marchant toute voûtée, s'appuyant sur une canne grise que je lui ai rapportée de la ville, elle gémit sans cesse, répétant entre deux essoufflements, d'une voix éteinte, tel un leitmotiv au basson : « j'ai mal nulle part, suis juste très affaiblie .
Elle s'assoit, avec une courte plainte, sur sa vieille chaise en bois peinte en vert, elle attend de régler sa respiration, puis aussitôt ses yeux se mettent à pétiller joyeusement, signe que de nouveau elle est en état de raconter des choses qui se sont passées et se passent encore quelquefois dans son village qui désormais ne compte plus que cent quatre-vingt-cinq âmes. Parfois elle commence à peine son récit.
Commencement qu'elle interrompt paisiblement, étouffant en douceur les paroles, les sons, s'assoupissant le menton calé sur sa poitrine. CE QU'EN PENSE LA CRITIQUEEn écrivant, en couchant les histoires de Mère-vieille sur papier, Radu Tuculescu arrête le temps : il immortalise, fait vivre et revivre ce village qui meurt, vidé de sa population. - Heval, BabelioÀ PROPOS DE L'AUTEURNé en 1949 à Târgu-Mures, en Transylvanie, membre de l'Union des écrivains de Roumanie, Radu Tuculescu est un artiste polyvalent : violoniste, réalisateur audio et télé, chroniqueur de théâtre, dramaturge, traducteur, poète, essayiste, nouvelliste et l'auteur de sept romans.
Souvenirs
Elle était Mère-Vieille pour sa petite-fille, la Dita, la vioque pour ses voisins. L’auteur se retrouve dépositaire des histoires racontées par Mère-Vieille. Seulement, elle qui n’est jamais allée à l’école, s’est mise à lire, Shakespeare, Boulgakov…. et, de temps à autre, ses souvenirs se mêlent avec ses lectures.
Ses souvenirs ne sont que truculences, beuveries, tromperies, à la fois drôles et tragiques et ne sont pas sans rappeler Guy de Maupassant et…. Les vieilles histoires que racontaient nos grands-parents !
Un adage dit « soûl comme un polonais », mais là, on devrait dit « soûl comme un Transylvanien » !!! Tant les hommes usent de la ţuica et autres boissons alcoolisées. Les femmes ne sont pas en reste. La Margolili, accorte donzelle fait des ravages dans la gent masculine et dans les ménages de ce petit village. Elle sera comme le fil rouge dans ce livre. Bref, des histoires de boissons et de cul !!! Un véritable éloge à la sensualité féminine pour ne pas dire plus, certain mariage de 3 jours fut orgiaque et placé sous le signe de Dionysos !
Radu Tuculescu décrit ce village déserté par les jeunes gens, partis travailler plus loin, uniquement habité par les vieux ou les tsiganes venus squatter les maisons vides et l’on ressent, lors de ses promenades, cet abandon.
Les histoires sont répétitives, comme rabâchées par Mère-Vieille. Toujours les mêmes souvenirs qui reviennent comme des obsessions, avec de temps à autre, des informations complémentaires. Les histoires ressemblent au village, figées dans le temps.
C’est un livre dense, serré, tout comme sa composition avec des chapitres à la queue-leu-leu, sans aération, dans la première partie. Cela a ajouté à la difficulté de lecture et fait que j’ai eu envie de le lâcher. Je le reposais donc pour quelques jours pour mieux le reprendre.
Je ne sais quoi dire au sujet de ce livre. Il m’a plu pas sa truculence, son appel au fantastique, comme l’histoire de ce gros chat. Par ailleurs, il m’a pesé par les mêmes histoires radotées. Je n’ai pas compris le glossaire en fin du livre, explications d’expressions populaires, connues pour la plupart. J'aurais aimé découvrir d'autres aspects de la vie de ce hameau, en savoir plus sur les fermes collectives.....
Je remercie les Agents Littéraires et les Editions Ginkgo pour ce partenariat