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Un nouveau détective : en pleine conquête de l'Ouest, Michael Mention livre son premier western
Juin 1866. Californie. Crimson Dyke, agent de l'U. S. S. S., l'élite de Washington, division du Département du Trésor créée au lendemain de la guerre, est chargé d'arrêter les faux monnayeurs et escrocs qui sévissent dans les Etats de l'Ouest. Lors d'une halte à Providence, un cadavre éviscéré est découvert.
Dyke laisse le sheriff local, Kowalski, mener l'enquête jusqu'à découvrir lui-même un autre meurtre : les autorités l'ont dissimulé pour ne pas nuire à la réputation de leur ville. Aidé du juge Clifford, Kowalski va demander l'aide de l'un des hommes les plus puissants de l'Ouest : Benedict Ross, pour éloigner Dyke de leurs affaires. Ses hommes de mains, les quatre frères Seasons, sont chargés de mener l'enquête.
Mais les homicides se poursuivent à mesure que Crimson Dyke remonte vers le Nord.
En chemin, il croise Dorothy, institutrice, dont il tombe amoureux. Les frères Seasons sont rapidement sur la piste d'une bande d'Indiens sans foi ni loi. Sont-ils les vrais coupables ? Corruption, violence et pragmatisme : Dyke sillonne l'Ouest sans illusion à la recherche de la vérité.
Un polar-western-roman noir s’avère aussi divertissant que réaliste
L’agent des services secrets Crimson Dyke sillonne la Californie de 1866 pour arrêter les faux-monnayeurs. Son parcours d’itinérant lui fait incidemment remarquer les similitudes entre plusieurs meurtres atrocement commis dans différentes villes. Mais son intervention est très mal accueillie par les autorités locales, bien décidées à étouffer ces affaires. Pendant que la vindicte des populations se tourne une fois de plus contre les Amérindiens, Crimson se retrouve seul à mener une enquête digne de ce nom, s’attirant d’impitoyables représailles. Le voilà à son tour devenu gibier...
Michaël Mention revisite le western en le débarrassant de ses clichés, et nous sert une histoire noire et désabusée que l’on ressent volontiers assez représentative de la réalité historique. Les protagonistes, pour la plupart misérables, ne s’obstinent dans ces terres hostiles qu’avec l’obsession désespérée d’y trouver enfin un terme à leur indigence. Les appétits sont féroces et la gâchette facile, dans cet environnement sauvage où chacun n’a que la hâte de se servir à tout prix, n’en déplaise aux quelques représentants de l’ordre incapables d’omniprésence. D’ailleurs, encore faudrait-il que ces derniers, du haut de leur maigre traitement, résistent à la corruption et aux intimidations de plus puissants, pressés de s’assurer la main mise sur le pays, au travers de ses mines d’or ou de ses compagnies de chemin de fer.
Efficace et brutale, la narration a tôt fait de nous plonger dans une intrigue pleine de rebondissements et de clins d’oeil intelligents. L’imperturbable « poor and lonesone » Crimson, bien décidé à rester ferme sur sa fidèle monture et sur son droit chemin, se retrouve confronté à une société d’hommes aussi frustes, sales et puants, qu’avides et dépourvus de scrupules, en tous les cas tout aussi capables de cette barbarie qu’ils attribuent aux Amérindiens. Ceux-ci ne sont pas les seuls à en faire les frais. Il faut y ajouter les Mexicains, les Noirs – le Ku Klux Klan vient d’être créé –, et les femmes, puisque, à cette époque, « dans l’Ouest, neuf femmes sur dix auraient été violées au moins une fois ».
Frappé au coin d’une discrète ironie, ce polar-western-roman noir s’avère aussi divertissant que réaliste et solidement documenté. Séduit par son style corrosif, son rythme prenant et l’abondance de ses références, ses lecteurs peuvent se réjouir qu’il soit le premier d’une série à venir, consacrée à l’agent Crimson.