Je ne connaissais pas l'auteur, je le découvre à travers ce roman. Un livre écrit avec justesse, finesse, un roman déroutant, hypnotisant, mystérieux, C'est l'histoire de Ziya, adolescent âgé de 16 ans, qui tue, sans état d’âme, le meurtrier de son frère, lors de son procès, Il est emprisonné , condamner à perpétuité. Il découvre , en prison , le jeu des dés qui devient une véritable passion, voir une, addiction, Il se voit transférer, en Égypte, une nouvelle vie, il n'est pas considéré comme un paria,
Nous sommes dans l'empire Ottoman, une histoire,ayant
e toile de
fond la politique, la manipulation psychologique des personnes, de cette époque. Une nou velle vie commence pour Ziya,Isl fait la connaissance de Nora, qui réveille en lui ses premiers émois, son premier amour, mais tout cela reste platonique, seul compte leurs promenades dans de merveilleux verger. Nora, doit quitter , du jour au lendemain, l’Égypte, un grand vide pour Ziya, un amour, encré à jamais dans sa mémoire.Les femmes , les dés deviennent ses meilleurs amis. Un retour dans son pays, où il peut vivre normalement, et non comme un paria. Ses vieux démons refonds surface. Quel acte abjecte est ilen train , de préparer ?
L’auteur décortique avec subtilité la psychologie du personnage. Un homme complexe, j'ai eu énormément de difficulté à me connecter avec lui, et à dégager de emphatie. L'auteur nous envoûte avec beaucoup de dextérité dans son environnement littéraire La lecture captivante, addictive, visuelle,d'une fluidité intense. Un titre à double définition, et qui résume l'histoire, les des du jeu et les des jetés par hasard pour prendre le bon où le mauvais tournant d'une vie,Ce roman est époustouflant, remarquable, aucune fausse note, un livre frôlant le chef d’œuvre littéraire.
Un gros coup de cœur que je vous conseille.
Mécanique mentale d'un terroriste
Après Madame Hayat qui offrait à son jeune protagoniste l’apprentissage de la liberté, le dernier roman d’Ahmet Altan nous plonge cette fois dans le processus mental inverse : un adolescent assoiffé d’honneur et de justice devient un redoutable terroriste, tuant aveuglément au nom de la loi de son clan.
En ce début de XXe siècle où l’empire ottoman vacille, trois frères tcherkesses, Arif, Hakkî et Ziya, vivent à Istanbul. Ziya, le plus jeune, n’est qu’adoration pour son aîné, Arif, puissant et charismatique caïd de la pègre. Lorsque celui-ci est assassiné, l’adolescent de seize ans, très tôt façonné au code d’honneur des siens, entreprend aussitôt de le venger et abat le meurtrier en plein tribunal. Trop jeune pour la peine capitale, il est condamné à la perpétuité dans ces geôles semblables « aux ténèbres sanglantes du ventre d’une femelle requin dont la progéniture s’entredévore avant même de voir le jour ». C’est dans cette mort à petit feu qu’il découvre la passion du jeu et l’ivresse de mourir et renaître sans fin à chaque roulement de dés. Quand, huilés par d’obscures tractations, les verrous de la prison laissent finalement échapper le jeune homme, le tueur doublé d’un flambeur est plus que jamais une mèche d’amadou...
L’intelligence de l’analyse rivalise avec les beautés de plume de cet auteur qui s’impose décidément comme un maître écrivain. Le plus grand talent préside à sa dissection psychologique de ce jeune homme construit dès le plus jeune âge dans le refoulement des émotions, pour lui comme autant de faiblesses. Ses tourments intérieurs dont, faute de les comprendre, encore moins de les verbaliser, il est le jouet inconscient, il prétend les faire taire, tuant l’humain en lui avec la force de sa haine, pour s’accrocher aux seuls repères qu’on lui ait jamais présentés, clairs et rassurants dans leur aveugle rigidité d’armure : le code d’honneur de son clan, le culte de sa toute-puissance et le devoir de le défendre coûte que coûte. « Mourir valait toujours mieux que de vivre dans le déshonneur. »
Prêt à tout, il est le pion idéal dans le jeu des manipulateurs de tout poil. Ceux-ci, surtout à notre époque, auraient pu se draper dans des motifs religieux. En cette période d’instabilité du régime, il devient le jouet d’intérêts politiques, qui le dépassent mais qui savent... le faire rouler comme un dé ! Pour le joueur, peu importe de perdre ou de gagner, de vivre ou de mourir, l’essentiel est ailleurs. Ceux qui arment les terroristes l’ont bien compris aussi, qui jouent sur la colère et le désir de mort qui les consument : « La vie ne lui suffisait pas », « Il était né avec la passion terrible de vouloir tout consumer, tout épuiser, avec un appétit sans fin. Seuls le jeu et le crime savaient assouvir cette passion. »
Un nouveau très grand roman, aussi pénétrant que merveilleusement écrit, de l’auteur turc si attaché au « combat contre le mal causé par la perversion des sociétés ». Coup de coeur.