« Un type lit Oscar Wilde en hochant la tête avec un sourire énigmatique, une femme fait un sudoku, une pinte de bière noire devant elle. Elias s'installe au comptoir. À l'autre extrémité du zinc, il remarque un type seul, rachitique et moustachu, qui aurait tout l'air d'un ermite ayant fait voeu de silence s'il ne tapotait pas sur un smartphone. — Qu'est-ce que je vous sers ? » Il ne faut pas se fier aux apparences. Malgré des phrases comme celle-ci, le roman de Sébastien Meier est noir. Noir comme les courants souterrains qui traversent la société bohémienne en pleine mutation.
Riche idée que celle de l'auteur, créer un contexte « exotique » pour traiter de questions qui agitent notre propre société des soubresauts que nous lui connaissons. L'action se déroule en Bohême un pays mythique aux relations sociales apaisées, fier de sa tolérance et de son ouverture. « Une loi votée deux ans plus tôt était entrée en vigueur : l'État fédéral de Bohème avait introduit le revenu de base inconditionnel. » Détail qui mérite le détour, l'emblème du pays est le gypaète barbu. Ce roman est une belle découverte, servi par une écriture sans esbrouffe. Les personnages sont crédibles et taillés sur mesure. le contexte économique social et politique est réaliste et très proche de ce que nous connaissons en Europe. L'enquête est menée tambour battant avec une utilisation ingénieuse des classiques du genre : concurrence entre services de police, lutte entre la procureure Gabrielle Molina et la police, inspecteurs tiraillés entre leur travail et leur vie privée, journalistes à l'affut, hommes politiques plus soucieux de leur carrière que de l'intérêt général, tractations souterraines pour le pouvoir, affaires périphériques surgissant au cours de l'enquête amenant le lecteur sur des fausses pistes. Mais la vie continue : « le temps de sa lecture, le café a repris son bruissement naturel. À la table des joueurs de dés, on cause météo et récoltes. Les autres discussions ne sont guère plus intéressantes : le chien de la Denise, le prix de l'électricité, l'entretien du parc éolien, etc. Il patiente, espérant que l'alcool fasse émerger des sujets plus sensibles. Deux heures plus tard, le lecteur De Wilde en est toujours à la même page – mais pas au même verre. » Comme dirait Giuseppe Tomasi di Lampedusa « Il faut que tout change pour que rien ne change » A lire.
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« Un type lit Oscar Wilde en hochant la tête avec un sourire énigmatique, une femme fait un sudoku, une pinte de bière noire devant elle. Elias s'installe au comptoir. À l'autre extrémité du zinc, il remarque un type seul, rachitique et moustachu, qui aurait tout l'air d'un ermite ayant fait voeu de silence s'il ne tapotait pas sur un smartphone. — Qu'est-ce que je vous sers ? » Il ne faut pas se fier aux apparences. Malgré des phrases comme celle-ci, le roman de Sébastien Meier est noir. Noir comme les courants souterrains qui traversent la société bohémienne en pleine mutation. Riche idée que celle de l'auteur, créer un contexte « exotique » pour traiter de questions qui agitent notre propre société des soubresauts que nous lui connaissons. L'action se déroule en Bohême un pays mythique aux relations sociales apaisées, fier de sa tolérance et de son ouverture. « Une loi votée deux ans plus tôt était entrée en vigueur : l'État fédéral de Bohème avait introduit le revenu de base inconditionnel. » Détail qui mérite le détour, l'emblème du pays est le gypaète barbu. Ce roman est une belle découverte, servi par une écriture sans esbrouffe. Les personnages sont crédibles et taillés sur mesure. le contexte économique social et politique est réaliste et très proche de ce que nous connaissons en Europe. L'enquête est menée tambour battant avec une utilisation ingénieuse des classiques du genre : concurrence entre services de police, lutte entre la procureure Gabrielle Molina et la police, inspecteurs tiraillés entre leur travail et leur vie privée, journalistes à l'affut, hommes politiques plus soucieux de leur carrière que de l'intérêt général, tractations souterraines pour le pouvoir, affaires périphériques surgissant au cours de l'enquête amenant le lecteur sur des fausses pistes. Mais la vie continue : « le temps de sa lecture, le café a repris son bruissement naturel. À la table des joueurs de dés, on cause météo et récoltes. Les autres discussions ne sont guère plus intéressantes : le chien de la Denise, le prix de l'électricité, l'entretien du parc éolien, etc. Il patiente, espérant que l'alcool fasse émerger des sujets plus sensibles. Deux heures plus tard, le lecteur De Wilde en est toujours à la même page – mais pas au même verre. » Comme dirait Giuseppe Tomasi di Lampedusa « Il faut que tout change pour que rien ne change » A lire.