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Un geste ou une parole devraient suffire, et pourtant... Consoler est une activité difficile qui implique de prendre la parole sur une souffrance que l'on ne partage pas, mais à laquelle on cherche à prendre part. Comment, sans la trahir, se frayer un chemin jusqu'à l'intimité de l'autre ? Quels mots employer qui ne suscitent pas le soupçon ?
Ces questions relèvent aujourd'hui de la psychologie ou de la religion.
Pourtant, la philosophie a longtemps été un baume pour les douleurs humaines. De Platon à Boèce en passant par les stoïciens, la raison s'impose comme la grande consolatrice. En s'appuyant sur cette tradition, ce livre propose dans un premier temps une grammaire de la consolation. Acte social qui mobilise le langage, la consolation dit quelque chose de la condition humaine. Si elle ne résorbe pas la souffrance, elle répond à la " souffrance de la souffrance " qui est solitude, honte ou culpabilité.
Le consolateur apprend à vivre au-delà du point où cela semble impossible.
Si l'homme est un animal qui a besoin de consolation, il reste que la philosophie moderne semble avoir abandonné le projet de satisfaire ce désir. Nous ne croyons plus qu'il existe un savoir qui, à lui seul, permette d'affronter les tourments de la vie. Cette défiance constitue un événement dont ce livre, dans sa deuxième partie, retrace l'histoire.
L'auteur montre que nous vivons le " temps de la consolation ", c'est-à-dire un temps marqué par la perte des modèles communautaires, rationnels et amoureux qui justifiaient l'existence face au pire. Repenser la consolation, c'est éviter le double écueil de la restauration de ces anciens modèles et du renoncement mélancolique au sens.
Michaël Fossel, né en 1974, est philosophe, maître de conférences à l'université de Bourgogne et professeur à l'École polytechnique.
Il est notamment l'auteur de La Privation de l'intime (Seuil, 2008) et d' Après la fin du monde. Critique de la raison apocalyptique (Seuil, 2012).
"notre besoin de consolation est impossible à rassasier...
...ruse de sioux des rationalistes"..mis en exergue dans le magnifique texte de Stieg Dagerman mis en musique pertinemment par les Têtes Raides - résonances..Sentiments universels et surtout un besoin ancestral. Boèce au Moyen Age écrivait un "de la consolation". Incontournables! Mais la philosophie promet le bonheur et la joie dans ses best sellers de nos jours..alors que M.Foessel fait de la métaphysique et c'est audacieux, du coup.. : sans rien promettre il nous invite à penser la souffrance de l'autre. Car c'est peut-être ce qu'il y a de plus complexe à envisager, non? Sinon, comment nous consoler les uns les autres? Ce livre est exigeant, il faut être attentif...mais il donne incommensurablement en retour.