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« Joie, tous les humains deviennent frères lorsque se déploie ton aile douce. »Quatre ans avant 1789, quatre ans avant la prise de la Bastille et la Déclaration des Droits de l'Homme, Schiller écrit ce poème qui ne cessera d'accompagner Beethoven. Un Beethoven toute sa vie passionné de fraternité alors que tout se ligue contre lui, sa famille, sa santé, ses amours, ses finances, la noblesse. À tous les coups qui le frappent, il répond par un chef d'ouvre.
Jusqu'à ce bout du chemin, le 26 mars 1827, en plein cour d'un orage. Il meurt en nous laissant, en nous léguant cette joie, les derniers accents de sa neuvième symphonie devenu le chant de l'Europe enfin réconciliée. Ce livre est le récit de cette passion, le portrait d'un génie fraternel. Un livre né d'un double amour. Pour l'Europe. Et, bien sûr, pour la musique. Car le trio « Fidelio » que viennent de créer Erik Orsenna, le pianiste Michel Dalberto et le violoncelliste Henri Demarquette raconte, mots et notes mêlés, cette folle et bouleversante passion pour la Fraternité.
De quel trésor avons-nous le plus aujourd'hui besoin ?
Un portrait éclairé
Passion et fraternité : deux termes emblématiques, selon Erik Orsenna, de l’homme que fut Beethoven et de son œuvre, et dont il fait les deux pierres angulaires de ce portrait du célèbre musicien.
Car, plus que d’une biographie, c’est bien d’un portrait éclairé du grand homme dont il s’agit ici. De son immense documentation, l’écrivain a extrait la quintessence, nous renvoyant à ses sources pour davantage d’exhaustivité, et nous livrant l’image à ses yeux la plus révélatrice de son sujet. Le parcours historique, de la naissance à la mort du compositeur, s’accompagne ainsi d’une analyse pleine de finesse et d'esprit, de tout ce que son œuvre incarne, musicalement, artistiquement, mais aussi politiquement.
Tandis que se révèle un albatros de la musique, génie que son art empêtre dans la compagnie des hommes, héroïque dans son combat contre la surdité, et précurseur sur bien des aspects de sa création, toute la narration converge vers un point d’orgue, l’Ode à la joie par laquelle s’achève l’ultime symphonie de Beethoven, et qui, composée sur des vers de Schiller en l’expression d’un idéal de fraternité, est devenue l’hymne officiel de l’Union européenne.
Erik Orsenna nous livre ici un regard très personnel sur un géant qui fait vibrer chez lui plus d’une fibre, musicale bien sûr, mais aussi politique et philosophique. L’humour et l’érudition de sa plume si brillamment travaillée sont un régal.