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Il était vingt-trois heures quand Kléber et Sarah, qui venaient de se rencontrer, décidèrent de passer la nuit dans le fort d'Ambleteuse. À cette heure-là, une bombe sale explosait à San Francisco. À cette heure-là, un médecin du centre des maladies contagieuses d'Atlanta se suicidait en s'ouvrant les veines à l'aide d'un scalpel : il venait d'observer dans son microscope la dernière mutation du virus de la fièvre hémorragique de Marburg. À cette heure-là, trois enfants entre neuf et treize ans, l'un à Rio, l'autre à Malmö, le dernier à Shanghai, étaient parvenus au niveau ultime de Dark Hostel.
Ils étaient les premiers à réussir cet exploit sur ce jeu virtuel haut de gamme. À cette heure-là, en France, les Forces spéciales, nouvellement créées sous l'égide secrète de l'Elysée et de quelques grandes entreprises privées, recevaient leur baptême du feu dans les quartiers nord de Marseille. À cette heure-là, Kléber soupçonnait qu'il vivait le premier instant de la fin du monde.
Désormais, sa ligne politique serait: "Encore une minute, monsieur le bourreau!" Pour vivre une dernière histoire d'amour, belle et cruelle, avec Sarah, pour fredonner les chansons du monde d'avant, pour déguster un dernier verre de cheverny, pour une dernière conversation avec la Kolkhozienne aux seins nus, pour contempler le ciel étoilé et la mer avant l'ultime échappée dans l'apocalypse totale... Né en 1964, Jérôme Leroy est romancier.
Il est notamment l'auteur d'Une si douce apocalypse (Les Belles Lettres, 1999), Le déclenchement muet des opérations cannibales (Equateurs, 2006), Rêves de cristal (Mille et une nuits, 2006) et de Comme un fauteuil Voltaire dans une bibliothèque en ruine (Mille et une nuits, 2007).
Un excelent roman noir de fin du monde, sans fantaisie
A travers l'histoire bouleversante de ses personnages, dans un cadre pittoresque de fin du monde, Jérôme Leroy nous rappelle que les hommes sont loin d'être sûrs d'avoir une réponse acceptable à la question "comment ne pas tuer complètement ce qui les nourrit"
Il est question du dérèglement climatique, de ses conséquences sur les migrations de population, et des tensions qui en découle.
Il est question du risque de la "confiance absurde" en l'innovation scientifique (sérendipité) et en l'économie (et sa "main invisible") pour abattre le mûr de l'épuisement des ressources.
Il est question des forces armées qui seraient employées à défendre les dernières ressources permettant de maintenir un système auto-destructeur, plutôt que les populations.
Il est question de "retrouver la réalité et s'y appuyer"