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Marie-Anne Erize avait 24 ans, un physique de mannequin, des utopies de rebelle. Un jour d'octobre 1976, des militaires en civil l'ont enlevée à San Juan, petite ville du nord-ouest de l'Argentine. Ses parents, ses amis, ses six frères et soeurs ne l'ont jamais revue. Depuis, elle fait partie des 30 000 disparus de l'époque de la dictature (1976-1983), ces hommes et ces femmes dont le souvenir hante à jamais ce pays à la mémoire lourde. Peu importe que cette histoire remonte à plus de trente ans.
Philippe Broussard a voulu la raconter. Partir sur les traces de Marie-Anne. Retrouver des témoins. Reconstituer son parcours. De Paris à Buenos Aires, il a interrogé des dizaines de personnes et tenté d'assembler le puzzle de sa vie. De ses vies, plutôt. Née dans une famille de « pionniers » français établis en Argentine, elle a grandi dans la jungle, fréquenté diverses écoles catholiques, défilé comme top-modèle, côtoyé de grands artistes (le chanteur Georges Moustaki, le guitariste Paco de Lucia.) et vécu un temps à Paris. Son destin bascule en 1973, quand elle renonce au milieu de la mode, trop superficiel à ses yeux.
Militante péroniste, aidesociale dans les bidonvilles, elle entre peu à peu dans la clandestinité au sein des Montoneros, une guerilla d'extrême gauche. Cette fuite en avant, sur fond de repression ultra-violente, s'achèvera à San Juan, un vendredi de 1976. L'histoire n'est pas terminée pour autant. Aujourd'hui encore, deux procédures judiciaires sont en cours, en France et en Argentine, pour connaître la vérité sur son sort.
Un suspect est même en prison, à San Juan : Jorge Olivera, un colonel devenu avocat, catholique intégriste et militant d'extrême-droite. C'est lui qui aurait organisé le rapt, puis la disparition de la belle Française. Le livre repose sur une structure narrative à deux vitesses : l'alternance entre le récit chronologique du parcours de Marie- Anne et des lettres que l'auteur écrit à sa mère, âgée de 84 ans, afin de l'informer de ses recherches et de lui dévoiler la part d'ombre de sa fille.
Le destin tragique de Marie-Anne Erize
Marie-Anne Erize est née de parents Français à Espartillar, province de Buenos Aires le 28 mars 1952. Le 15 octobre 1976, elle est enlevée devant une boutique de cycles à San Juan, elle est traînée de force malgré ses cris, et jetée dans une Ford Falcon par plusieurs hommes en civil. Il ne restera d'elle sur le trottoir qu'une chaussure et une paire de lunettes... Pour la (pseudo) justice de l'époque Marie-Anne Erize est désormais un numéro de dossier le 6 204. Philippe Broussard, journaliste à L'express, reconstitue dans ce livre l'enquête qu'il a décidé de mener afin de comprendre ce qui s'est réellement passé ce 15 octobre. Pourquoi cette jeune franco-argentine au sourire radieux a-t-elle été enlevée pour ne plus jamais donner signe de vie ? Qui était-elle vraiment cette jeune femme fille issue d'une famille catholique connue pour son grand coeur et pour avoir fréquentée des univers nombreux et tellement différents : le monde de la mode, les quartiers pauvres de Buenos Aires ?
MON AVIS : Je n'avais jamais entendu parler de Marie-Anne Erize, à dire vrai, lorsque j'ai lu le quatrième de couverture de ce livre, j'ai cru qu'il s'agissait d'un roman ayant pour toile de fond la dictature qui a sévi en Agentine de 1976 à 1983. Pourtant, il ne s'agit pas d'une fiction, mais d'une histoire bien réelle -celle si tragique de Marie-Anne Erize qui a été enlevée puis vraisemblablement torturée et tuée pour ses idéaux- dont fait état Philippe Broussard. Pendant plus de deux ans, ce journaliste-enquêteur est parti sur les traces de Marie-Anne pour découvrir qui elle était réellement, qui se cachait derrière cette jeune femme à la beauté éclatante. Alternent dans ce livre, des pans de la vie de Marie-Anne livrès à Philippe Broussard par des témoins de l'époque, ses amis, les personnes qui ont compté dans sa vie amoureuse ; et les lettres envoyées par le journaliste à la mère de Marie-Anne qu'il a rencontrée en 2000. Dans ses lettres, il confie à cette mère qui veut savoir ce qui est arrivé à sa fille, ses doutes, ses interrogations et ses angoisses quant à sa quête de la vérité sur Marie-Anne. Je l'avoue bien volontiers, ce sont ces lettres qui m'ont quelque peu gênée. En effet, il m'a semblé à quelques reprises que le journaliste perdait un peu de sa neutralité, et voyait presque en Marie-Anne une icône qu'il s'est mis peu à peu à idolâtrer. En outre, sa façon de s'adresser à cette mère courage m'a mise mal à l'aise, j'ai eu parfois l'impression qu'il tentait de lui faire comprendre qu'il était détenteur d'un certain savoir sur la vie de Marie-Anne, et je n'ai pas aimé ces quelques passages. Mais que ce petit aspect négatif ne vous détourne pas de ce livre passionnant à tout point de vue. D'abord parce qu'il revient sur ...