Sa mère était une icône du cinéma, connue et admirée mondialement. Mais elle a dû grandir sans elle, beaucoup trop tôt Romy Schneider est morte et elle n’a passé qu’un brève temps avec sa fille Sarah Biasini. Quand celle-ci tombe enceinte, la question la hante comment elle peut bien être une bonne mère quand elle-même n’en a jamais eu une. Elle commence à écrire non seulement pour mettre ses pensées en ordre mais aussi pour garder celles-ci pour sa fille. Sarah Biasini ne songe pas à mieux connaître l’actrice célèbre, elle cherche à comprendre la femme privée avec
ses faiblesses et ses moments joyeux.
« La mère ne m’a jamais manqué, petite. C’est la femme qui m’a manqué, une fois adulte. »
Tomber enceinte la première fois, avant tout si on l’a longtemps essayé en vain, est un grand moment qui ouvre une porte dans la pensée. C’est le moment ultime de devenir adulte et par conséquent, on cherche des modèles. Ce sont toujours les propres parents à qui on pense premièrement. Pour Sarah Biasini, c’est aussi le cas. Quoiqu’elle ait perdu sa mère à l’âge de quatre, elle a grandi dans une famille affectueuse ou rien ne lui a manqué. Sa grand-mère et sa nourrice se sont bien occupées de la fille. Une fois adulte, elle se rend compte que la mère n’est non seulement une personne qui élève mais aussi une confidente.
« elle ne m’a eue qu’à l’âge de trente-neuf ans. Elle a donc passé toute une vie avant moi. Je ne peux pas réclamer l’exclusivité. Je suis obligée de la partager avec des inconnus. »
« La beauté du ciel » est un récit très personnel, Sarah Biasini invite le lecteur à ses idées et parle franchement de ses défauts et angoisses. Sa mère était très amie avec les grands du cinéma, mais elle, sa fille, n’ose pas les contacter peur de les mettre dans une situation désagréable.
Jouer un nouveau rôle dans sa vie lui donne la possibilité d’avancer, de conclure avec un chapitre de sa vie et de se jouir du fait qu’elle a une petite fille qu’elle peut observer et accompagner en faisant ses premiers pas dans la vie.
D'une sincérité simple et touchante
A quarante-trois ans, l’âge de Romy Schneider à sa mort, Sarah Biasini s’adresse à sa toute petite fille, encore en bas-âge, lui exprimant toute sa joie, mais aussi ses angoisses de jeune maman, elle dont la vie s’est construite sur l’absence et le manque.
C’est en quelque sorte d’un « vol » aggravé qu'est victime l’auteur, au plus profond de son être. Car non seulement la vie lui a ravi sa mère à l’âge le plus tendre, mais c’est une seconde dépossession qu’elle lui fait régulièrement subir, lorsqu’au vide laissé chez elle par la perte, répond un trop-plein médiatique destiné à abreuver des inconnus. Alors, lorsque lui naît une fille, dans cette vie où elle s’évertue à jeter une passerelle sur la béance de l’absence, une tempête se déchaîne dans la tête de la nouvelle maman. Saura-t-elle être la mère de sa fille, elle la fille qui a dû grandir sans mère ? Cessera-t-elle un jour de redouter des répliques au séisme qui lui a déjà tant pris ?
Nommée une fois seulement, l’ombre de la mère absente hante chaque page d’un récit par ailleurs placé sous l’égide des femmes et d’un amour maternel unissant indéfectiblement quatre générations féminines. Au désarroi et au manque de l’orpheline répond l’émouvante affection d’une grand-mère qui reste le principal point d’ancrage de la femme d’aujourd’hui.
Sarah Biasini s’exprime avec une sincérité simple et touchante. Et c’est avec émotion et sympathie que l’on accompagne son cheminement de jeune mère, saisie de l’urgence d’écrire à sa fille pour contrecarrer l’éphémérité et la fragilité de la vie.