" je démêle mon existence comme une chevelure qui n'a jamais connu de peigne".
Ça commence un peu comme ça, sous le grand lustre de la salle des fêtes de la mairie, c'est le concert de noël.
Ils ont 4 ans. Elle, a les yeux un peu rond, lui, Étienne, les cheveux de traviole, un peu trop gras, il lui dit qu'il l'aime, elle et ses petits yeux tout ronds, elle non, mais c'est sur, en creux, il sera son fiancé pour la vie.
"L'Éternel fiancé" c'est une boîte à musique, une petite boîte que l'on secoue pour en sonder les plissures de la vie, l'enfance et les souvenirs, la famille,
l'amour et les passions comme le deuil.
Une bobine que l'on déroule, de la petite fille que l'on était à la femme que l'on est devenue. Des petites notes qui filent pas toute dans le même sens, des fragments attrapés sur les chemins de l’existence, des images pour résister au temps qui passe.
C'est une petite musique si particulière, délicieuse et décalée qui dilate et fait tanguer les sillons du temps, celui des possibles, des rouages de l'existence et ses abords, avec une fantaisie folle, une tendresse infinie, une intelligence de tons évidente.
C'est pétillant, drôle et mélancolique, une vraie montagne russe d'émotions, de sentiments traversés ce roman là.
Ce petit pas de côté, cet humour décapant qui sait enrober toute l'épaisseur et les vibrations d'une vie de sa profonde légèreté, c'est tout l'immense talent et la finesse de la plume d'Agnès Desarthe.
Magnifique.
Amour impossible
"Je t'aime parce que tu as les yeux ronds" . Cette déclaration faite par un enfant de 4 ans va sceller les destins de la narratrice et de son éternel fiancé. Ils vont se perdre de vue, se retrouver, se frôler .
Avec beaucoup de tendresse et d'humour, l'écriture d'Agnés Desarthe nous emporte et nous fait vivre leur vie entre bonheurs et drames.