Le mépris de la vie, de la vie humaine ne s'épanouit jamais aussi bien que sous l'emprise d'une autorité totalitaire ; cela commence par la fourberie et la duplicité qui envahissent Bojan et peut aller dans certains cas jusqu'au mépris de soi-meme-Bojan fait l'expérience de cette division de la conscience et relate ses états d'ame sans précautions . Ce petit livre qui situe son propos dans une Serbie à venir (mais qui a aussi déjà existé ; voir la postface de l'éditeur..) fait mouche avec une économie de moyens bluffante : les ravages d'un credo unique unifiant unificateur et
de sa contradiction interne (« Unité-Foi-Liberté » -cherchez l'intrus...) sur le lien humain est donné à voir dans toute sa puissance délétère implacable. Ce n'est qu'en allant « au bout de lui-meme », aux confins de la marginalité, que notre anti-héros trouve enfin la liberté de ...s'attacher à Véra (jeune femme éprouvée par la maladie et l'opprobre) de façon posthume, c'est-à-dire gratuitement en somme, tandis que les autorités le condamneront en tant que renégat, puis antéchrist.. Car dans ce champ de forces unilatéralement orientées qu'est la société qu'il décrit, la vérité est la notion la plus fragile qui soit et se mettre de son coté expose à de graves conséquences -et le courage n'a alors plus aucune valeur ….p167 « On se satisfaisait d'avoir devant soi d'avoir un système solide. Aisément acceptable, logique ; on se fichait de sa véracité, une foule de demi-vérités se recoupant sans contradictions présentant toujours plus d'attrait que la vérité brute, aride . »Sobre dans son style, simple, humble, direct, où l'ironie porte la voix plus haut que toute emphase, dépourvu de digressions, ce roman déploie cependant un dispositif d'une vraie habileté : en nous faisant ainsi entrer dans la subjectivité d'un « n'importe qui » puis en déroulant son scénario, il nous fait sentir presque viscéralement « les origines du totalitarisme ». Dans un monde qui rend impossible toute vraie justice, ne condamne t on pas la littérature à n'etre qu'un cri, comme le hurlement poussé depuis l'obscurité d'une cellule comme preuve pour soi-meme qu'on est encore en vie ?
Une lecture très intéressante, détonnante ….
L'égout, et le noir ....
Le mépris de la vie, de la vie humaine ne s'épanouit jamais aussi bien que sous l'emprise d'une autorité totalitaire ; cela commence par la fourberie et la duplicité qui envahissent Bojan et peut aller dans certains cas jusqu'au mépris de soi-meme-Bojan fait l'expérience de cette division de la conscience et relate ses états d'ame sans précautions . Ce petit livre qui situe son propos dans une Serbie à venir (mais qui a aussi déjà existé ; voir la postface de l'éditeur..) fait mouche avec une économie de moyens bluffante : les ravages d'un credo unique unifiant unificateur et de sa contradiction interne (« Unité-Foi-Liberté » -cherchez l'intrus...) sur le lien humain est donné à voir dans toute sa puissance délétère implacable. Ce n'est qu'en allant « au bout de lui-meme », aux confins de la marginalité, que notre anti-héros trouve enfin la liberté de ...s'attacher à Véra (jeune femme éprouvée par la maladie et l'opprobre) de façon posthume, c'est-à-dire gratuitement en somme, tandis que les autorités le condamneront en tant que renégat, puis antéchrist.. Car dans ce champ de forces unilatéralement orientées qu'est la société qu'il décrit, la vérité est la notion la plus fragile qui soit et se mettre de son coté expose à de graves conséquences -et le courage n'a alors plus aucune valeur ….p167 « On se satisfaisait d'avoir devant soi d'avoir un système solide. Aisément acceptable, logique ; on se fichait de sa véracité, une foule de demi-vérités se recoupant sans contradictions présentant toujours plus d'attrait que la vérité brute, aride . »Sobre dans son style, simple, humble, direct, où l'ironie porte la voix plus haut que toute emphase, dépourvu de digressions, ce roman déploie cependant un dispositif d'une vraie habileté : en nous faisant ainsi entrer dans la subjectivité d'un « n'importe qui » puis en déroulant son scénario, il nous fait sentir presque viscéralement « les origines du totalitarisme ». Dans un monde qui rend impossible toute vraie justice, ne condamne t on pas la littérature à n'etre qu'un cri, comme le hurlement poussé depuis l'obscurité d'une cellule comme preuve pour soi-meme qu'on est encore en vie ?
Une lecture très intéressante, détonnante ….