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Après avoir toujours nié l'existence d'abuseurs sexuels dans ses rangs, l'Éducation nationale a opéré une volte-face au milieu des années 1990 : grâce aux militants de la protection de l'enfance, la pédophilie a enfin été dénoncée et poursuivie. Mais, sous l'effet de la pression médiatique, cette salutaire prise de conscience a conduit l'État à adopter un dispositif de contrôle inadapté, qui mine en profondeur l'ensemble du corps enseignant.
Et qui menace à terme l'équilibre de nos enfants. C'est ce que montre Marie-Monique Robin dans ce livre, fruit d'une investigation approfondie sur les dérives de la lutte indispensable contre les pervers. En effet, depuis l'adoption en août 1997 de la " circulaire Royal ", qui impose le signalement au procureur du moindre " fait " suspect, les accusations de pédophilie en milieu scolaire se sont multipliées.
D'authentiques coupables ont été démasqués, mais des centaines d'innocents ont également vu leur vie brisée. Confrontés à une justice d'exception - inversion de la charge de la preuve, dérive vers la " présomption de culpabilité ", sacralisation de la parole de l'enfant... -, plusieurs se suicideront. Or, depuis 1999, près de trois affaires sur quatre se sont conclues par un classement sans suite, un non-lieu ou une relaxe.
Grâce à ses propres enquêtes et à l'expérience de la Fédération des autonomes de solidarité, la principale association d'enseignants, Marie-Monique Robin rapporte ici des témoignages bouleversants d'enseignants injustement mis en cause. Et elle explique comment la plupart de leurs collègues ont modifié en profondeur leurs comportements vis-à-vis des élèves : suppression des classes vertes jugées " trop dangereuses ", limitation de tout contact physique - potentiellement " suspect " - allant jusqu'au refus de soigner des enfants blessés, etc.
Entre la protection des victimes et le respect de la présomption d'innocence, faut-il vrai-ment choisir ? L'alerte à l'enseignant pédophile nous interpelle sur l'école que nous souhaitons : celle du soupçon ou celle de la confiance ? Et sur la société de demain, où les enfants d'aujourd'hui auront été conditionnés à assimiler à la perversion tout contact physique avec l'adulte.