Munich, samedi 19 septembre 1931. Les commissaires Sauer et Forster sont chargés d’enquêter sur la mort d’une jeune femme. Sans leur donner de précisions, le directeur de la police criminelle leur fait comprendre que les circonstances sont délicates. Il leur recommande de bien ficeler leurs conclusions. « Toute accusation éventuelle doit être étayée par des preuves irréfutables, non, écrasantes. S’il y a le moindre doute, on classe. » (p. 21) Il déclare, également, qu’ils ne disposent que de huit heures pour résoudre l’affaire. Il leur prête un véhicule, avec un chauffeur.
« Personne au commissariat n’avait jamais eu cet honneur » (p. 22). Arrivés à destination, ils comprennent les recommandations de leur chef. Prinzregentenpkatz 16. C’est l’adresse du « dirigeant du Parti national-socialiste des travailleurs allemands, Adolf Hitler ».
C’est dans l’appartement de ce dernier que le drame s’est produit : sa nièce adorée, Angela Raubal (Geli), âgée de 23 ans, gît au sol, une balle dans le cœur. Pour entrer dans sa chambre, il a fallu forcer la porte, qui était fermée de l’intérieur. La scène indique que Geli s’est suicidée avec le pistolet de son oncle. Cependant, Sauer et son collègue remarquent des éléments troublants. Ils décident de pousser les investigations. Hélas, les personnes susceptibles de leur apporter des éclaircissements se donnent la mort les unes après les autres. Malgré cette vague de suicides, des rumeurs parviennent aux oreilles de Sauer au sujet des relations entre Hitler et Geli. Pourtant, il reçoit des ordres contradictoires : étouffer les scandales, découvrir la vérité. Des membres du parti l’aident et l’entravent, simultanément. Il sait que cette enquête est à haut risque. Méfiant, il saisit l’ampleur du danger. Certains secrets sulfureux, s’ils étaient prouvés, pourraient arrêter la montée d’Adolf Hitler.
La mort de la jeune femme est un fait historique. Dans la note de l’auteur, à la fin du livre, ce dernier indique les faits qu’il a romancés et ceux qui sont fondés sur des archives. J’étais très curieuse de lire ces précisions, tant ma stupéfaction était grande à la lecture de certains passages. Si les évènements décrits, dans ce roman, avaient été perçus, comme ce qu’ils annonçaient, l’Histoire aurait, peut-être, été différente. C’est glaçant de lire les prémices du nazisme, de connaître l’issue et de savoir que les « H » étaient synonymes de millions de morts : Hitler, Himmler, Heydrich, Hess, des noms qui évoquent l’horreur. Tout comme celui de Goebbels. La force de L’ange de Munich est de relater la montée au pouvoir de ces monstres, en la contextualisant. La peur, les exactions et l’idéologie présageaient un avenir sombre, sans que l’ampleur du danger puisse être mesurée. Les signes étaient là, mais ils n’avaient pas l’éclairage de l’avenir. Hélas, le parti national-socialiste était déjà infiltré dans tous les arcanes du pouvoir. A partir d’archives, Fabiano Massimi montre que certaines personnes ont essayé d’agir, au péril de leur vie. Hélas, la lutte était inégale. De plus, L’ange de Munich montre de quelle manière, la réalité était travestie pour attiser les haines et alimenter la propagande. Ils ne savaient pas…
L’auteur écrit au sujet de Geli que « Justice n’a pas été rendue pour sa mort. Peut-être qu’un roman rendra justice à sa vie. » (p. 547) Effectivement, la tragédie au sujet de cette jeune fille est méconnue. Elle a été une des premières victimes du nazisme. Elle n’était pas inconnue, mais elle a été oubliée. Grâce à ce livre, son existence est rappelée. Elle est une vie et non plus un nom effacé.
L’écriture de Fabio Massimi est dynamique et correspond à l’urgence du récit. Sauer a peu de temps pour aboutir à une conclusion et les menaces s’enchaînent. La fin se lit d’un seul souffle. L’ange de Munich est un roman passionnant et glaçant, à la fois. Passionnant, car l’enquête est rythmée. Glaçant, car nous savons les atrocités que les protagonistes commettront dans le futur.
Un crime oublié de l'Histoire
1931, le corps sans vie d'Angela Raubal, 23 ans est retrouvé sans vie dans son appartement. Suicide ou crime ?
Une chose est sûre : l'arme à côté du corps est celle d'Adolphe Hitler, son oncle. Un duo d' enquêteur va chercher
la vérité entre secrets de famille et pressions politiques.
L'auteur, Fabiano Massimi, archiviste à la bibliothèque de Modène a choisi le roman pour mettre en lumière ce crime
oublié de l' Histoire. Tout est vrai : le meurtre, l'enquête et les personnages. Un oubli enfin réparé !