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Analyse majeure d'une pièce chorégraphique majeure - Déroutes, de Mathilde Monnier -, l'ouvrage présent éclaire brillamment le travail d'une artiste contemporaine de première importance. Il ouvre la voie, aujourd'hui encore étroite, d'une critique chorégraphique comme mode singulier de pensée. Face à la complexité et à l'envergure de l'artiste qu'est Mathilde Monnier, la pensée critique pourrait s'effacer - elle le fait si souvent en danse.
Or, c'est à partir de l'observation du travail chorégraphique lui-même que ses paradoxes peuvent s'éclairer. Telle est l'ambition de l'ouvrage de Gérard Mayen, analyse subtile et profonde d'une pièce, Déroutes. Suivant la voie indiquée par la chorégraphe qui a placé la figure de la marche au cœur de l'écriture de cette œuvre, il en
déplie les enjeux esthétiques, historiques et politiques, à partir de ce geste élémentaire.
La marche est traversée de nombreux débats de l'histoire de la danse et de l'art, des avant-gardes des années 70 aux nouvelles formes des années 90. Elle est aussi motif littéraire ; Déroutes s'inspire des marches de Lenz, de Büchner. Elle y est question existentielle. La marche finalement comme " non
figure ", geste transitoire qui défait les territoires, le spectaculaire, l'ordre spatial et temporel...
Isabelle Ginot Directrice du département danse
Université Paris 8 - Saint-Denis