Vers un renouveau de la littérature

- Il y a 8 ans
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La littérature est-elle en train de subir un renouveau ?


Si la littérature a connu des hauts et des bas depuis des siècles, elle s'affirme alors comme une incroyable preuve d'adaptabilité. Du roman religieux au roman de plaisir, plus de para-littérature par ci (policier, érotique, polar, horreur, bande-dessinée), moins de littérature d'élite par là (poésie, théâtre, philosophie), plus d'auteurs bon marché à succès et moins de grands romanciers alambiqués ; il lui a fallu s'adapter, faire preuve de flexibilité afin de ne jamais sombrer, de ne jamais totalement disparaître, pour que le lectorat, toujours, lui demeure fidèle.

S'il y a quelques années, environ cinq ans déjà, elle semblait tomber en désuétude au profit des jeux vidéos, de l'ordinateur et du téléphone portable, nous ne pouvons nous empêcher de constater un brillant renouveau de la part de cette dernière.
En effet, si les technologies ont fini par prendre trop de place dans nos vies, au point que plus personne ne lève les yeux de son écran de téléphone ou de sa tablette dans les transports en commun, la tendance a l'air de s'inverser. Singuliers, originaux, marginaux, étaient ceux qui plongeaient encore leur imagination dans un livre – peu importe le genre en question tant que la lecture restait l'acte principal – dévisagé par la moitié de la rame de métro lorsque ces individus pas comme les autres, osaient prendre un livre aux yeux de tous, profitant d'un temps de trajet plus ou moins long pour progresser dans leur lecture.

Aujourd'hui, la tendance semble s'inverser puisque ce sont ces dépendants de la technologie sous toutes ses formes, qui sont pointés du doigt comme des antisociaux, des atypiques préférant s'isoler dans leur monde binaire, tactile et ultra-rapide. Les lecteurs quant à eux, semblent retrouver une place de choix lorsqu'ils se retrouvent confrontés aux regards extérieurs. Immédiatement, nous nous penchons à l'instar de contorsionnistes afin de savoir le nom de l'auteur, le titre de l'ouvrage en question et parfois même, s'il nous est possible de lire par-dessus une épaule, chaparder quelques lignes ou deux. Si lire était au début du XVIII siècle réservé à une élite, marque certaine d'une appartenance sociale plutôt aisée et cultivée, un moyen sur de se démarquer des simples mortels analphabètes, ne sommes-nous pas en train de revivre ce phénomène, alors à l'origine du succès et de la propagation de la lecture ?

Car il nous apparaît alors que cette minorité d'individus lisant avec fierté où bien inspiration dans les transports en commun, les bancs publics, les terrasses de café, peuvent s'apparenter à des esthètes, à des intellectuels désireux de tout simplement apprendre et se divertir. Ils semblent alors « connectés » au monde réel, ancrés dans une réalité que nous avons bien du mal à tous partager. Ceux qui ne sont pas capables de lever les yeux de leur téléphone deviennent des dépendants à la technologie, des « zombies » au regard – et au cerveau – aspiré par l'écran. Ceux qui ont bien du mal à s'extirper de la ligne ou du paragraphe qu'ils sont en train de lire, sont en revanche des intellectuels, des rêveurs.

Meilleures ventes littératures

Par ailleurs, le marché du livre se porte relativement bien, en une progression du secteur d'au moins 1,5 % en 2015. Le chiffre d'affaires de la librairie indépendante quant à lui, augmente de 2,7 %, tandis que la loi Anti-Amazon semble avoir eu son petit effet. Voilà pourquoi nous retrouvons de plus en plus de personnes avec un livre à la main et qu'une fois encore, les achats de livres étaient en tête de liste en ce qui concerne les cadeaux de Noël.

Nous pouvons donc affirmer que la littérature est en train de subir un renouveau puisque notre regard sur cette dernière et sur les lecteurs eux-mêmes, semble avoir changé. Lire redevient un plaisir esthétique, divertissant et intellectuel, repositionnant pas à pas le lecteur sur son piédestal, duquel il avait chuté il y a de cela bien des années. Comme quoi tout est un éternel recommencement, comme la mode en elle-même. L'offre éditoriale augmente, les livres ont envahi les librairies à deux étages et nos bibliothèques personnelles par la même occasion. Reste à savoir ce que nous lisons, uniquement des best-seller où bien de la littérature plus intellectuelle ? Quoi qu'il en soit, l’essentiel est de lire ce qui nous plaît, ce qui correspond à nos attentes, à la fois de la littérature dites facile pour se détendre, alternée avec la profondeur d'ouvrages plus philosophiques...


Ophélie Curado, pour le blog de Decitre, blogueuse sur Le Journal des Lettres



Ophélie Curado est une nouvelle contributrice sur le blog de Decitre :

Tout commence par les lectures du soir étant enfant et les étagères remplies de livres divers et variés. Diplômée d'une licence et d’une maîtrise de lettres modernes appliquées, la littérature est avant tout une passion et une vocation, puisqu’elle est aujourd’hui en master 2 professionnel métiers du livre.

Rédactrice web pour Le Journal des Lettres proposant des articles pointillés et analytiques sur la littérature, rédactrice en chef d'un magazine littéraire intitulé Le Coin Littéraire, proposant quatre grands formats sur la littérature (actualités, historique, numérique et jeunesse) ; elle est de ce fait, une médiatrice culturelle consciencieuse, mais aussi et surtout, une écrivain assidue, une grande lectrice, notamment d'auteurs classiques mais également fervente lectrice d'auteurs plus contemporains.
Ses goûts littéraires ne connaissent pas de frontières ni d'époques, mais sont toujours concentrés sur des écrivains talentueux, fuyant à tout prix les auteurs trop commerciaux, avides d'argent facile.