"J'ai traduit en français The Waves, l'avant-dernier roman de Virginia Woolf, et je ne le regrette pas, puisque dix mois de travail ont eu pour récompense une visite à Bloomsbury, et deux brèves heures passées aux côtés d'une femme à la fois étincelante et timide, qui me reçut dans une chambre envahie par le crépuscule. On se trompe toujours quand il s'agit des écrivains de son temps : on les surfait, ou on les dénigre.
Je ne crois pourtant pas commettre d'erreur quand je place Virginia Woolf parmi les quatre ou cinq grands virtuoses de la langue anglaise et entre les rares romanciers contemporains dont l'oeuvre a quelques chances de durer plus de dix ans. Et j'espère même, malgré tant de signes du contraire, qu'il y aura encore vers l'an 2500 quelques esprits assez avertis pour goûter les subtilités de cet art".
Dans ces quatre essais, qu'elle rencontre Woolf, se rende à une exposition consacrée à Poussin, sonde la jeunesse de Mozart ou interprète l'écriture de Borges, Marguerite Yourcenar déplie, en esthète érudite et sensible, toute l'ampleur de sa plume critique.
"J'ai traduit en français The Waves, l'avant-dernier roman de Virginia Woolf, et je ne le regrette pas, puisque dix mois de travail ont eu pour récompense une visite à Bloomsbury, et deux brèves heures passées aux côtés d'une femme à la fois étincelante et timide, qui me reçut dans une chambre envahie par le crépuscule. On se trompe toujours quand il s'agit des écrivains de son temps : on les surfait, ou on les dénigre.
Je ne crois pourtant pas commettre d'erreur quand je place Virginia Woolf parmi les quatre ou cinq grands virtuoses de la langue anglaise et entre les rares romanciers contemporains dont l'oeuvre a quelques chances de durer plus de dix ans. Et j'espère même, malgré tant de signes du contraire, qu'il y aura encore vers l'an 2500 quelques esprits assez avertis pour goûter les subtilités de cet art".
Dans ces quatre essais, qu'elle rencontre Woolf, se rende à une exposition consacrée à Poussin, sonde la jeunesse de Mozart ou interprète l'écriture de Borges, Marguerite Yourcenar déplie, en esthète érudite et sensible, toute l'ampleur de sa plume critique.