Patrice Quélard

Angèle, ma chérie, cette fois, la guerre va commencer pour de vrai, je ne sais pas si demain à cette heure je serai encore de ce monde, et cela justifie à mes yeux mon attitude avec toi. Parfois, dans un moment de faiblesse, je me dis que j'aurais davantage dû profiter de toi, car avoir un enfant devrait toujours être un bonheur. Mais bien vite je me ravise, et je me dis que ça aurait été de l'égoïsme.
Tu t'occupes d'un enfant, il s'attache à toi... Après, tu meurs et il est triste. Si je ne me suis pas beaucoup occupé de toi, c'était pour ton bien. Tant qu'il y aura des guerres, il ne faudrait pas avoir d'enfants. A quoi ça sert, si c'est pour en faire des orphelins ?