Sophie Fontanel

Pour fêter les 25 ans de sa désignation comme capitale européenne de la culture et les 30 ans de son inscription au patrimoine mondial de l'Unesco, la Ville d'Avignon a confié à Jean-Michel Othoniel le soin d'investir ses sites emblématiques afin d'en révéler l'extravagance et la singularité. L'exposition "OTHONIEL COSMOS ou les Fantômes de l'Amour" (28 juin 2025-4 janvier 2026), qui est une première en France, se déploie telle une constellation artistique dans 10 lieux exceptionnels - le Palais des papes, la place du Palais, le pont d'Avignon, le musée Calvet, le Muséum Requien, le musée lapidaire, le musée du Petit Palais-Louvre en Avignon, la chapelle Sainte-Claire, la Collection Lambert et le nouveau musée des bains Pommer.
Cité des papes, Avignon est aussi la ville des amours, de l'Amour, celui du poète Pétrarque dont le coeur, le 6 avril 1327, fut foudroyé après qu'il eut entraperçu Laure, une demoiselle splendide et inaccessible. Cet amour impossible libéra des sonnets ardents, précurseurs de la poésie moderne, et bouleversa Othoniel, lequel se reconnut dans le poète italien incapable de "borner son désir". L'artiste a ainsi conçu cette exposition étoilée comme un gigantesque archipel amoureux, avec le Palais des papes pour île mystérieuse.
Monumentales ou discrètes, peintes ou sculptées, d'or ou de verre, les quelque 260 oeuvres, pour la plupart inédites, se découvrent à la faveur d'une procession permettant de renouveler notre regard sur 10 sites phares de la ville. Cette chasse au trésor dédiée à l'amour constitue le plus grand projet personnel de l'artiste et, composée comme une vaste machinerie opératique, prend la forme de gigantesques sonnets constitués de noeuds et de miroirs, de tombeaux et de pierreries, de fantasmes et de fantômes.