Revue philosophique N° 2, avril-juin 2016
Les motivations affectives

On trouve sans peine dans l'histoire de la philosophie des jugements négatifs portés sur les états affectifs en général et sur les émotions en particulier : loin de nous renseigner sur le monde et de contribuer positivement à notre vie morale, ces états seraient de nature à brouiller nos raisonnements pratiques, comme à diminuer notre capacité à appréhender lucidement ce qui nous entoure ou ce qui nous arrive.
Mais il existe d'autres formes de philosophie où les émotions ne sont pas considérées comme des jugements qui devraient être corrigés ou comme des perceptions de nos modifications corporelles. La question centrale que se posent les auteurs des articles du présent recueil est est donc de savoir : quelle place faut-il attribuer au sujet et à ses bases motivationnelles, en particulier à ses désirs, ses projets, ce à quoi il tient, ses conceptions du bien et du mal, et plus généralement sa personnalité, dans un modèle qui conçoit le rôle des émotions d'un sujet comme répondant de manière systématique et distinctive aux divers défis que lui pose son environnement ?