Le temps, donnée fondamentale de l'existence humaine, est aussi une notion importante en esthétique et dans le domaine artistique. Le temps qui nous inscrit dans une durée de vie plus ou moins longue, mais de toute manière limitée, ne cesse de nous tourmenter. L'avant, le présent, l'après, disent un mouvement régulier, irrémédiable, irréversible. Depuis les temps les plus anciens, les philosophes n'ont cessé de réfléchir sur ce phénomène incontrôlable, inéluctable, auquel on ne peut se soustraire.
Si l'on se réfère aux créations artistiques et littéraires du passé et du présent, il est indéniable que le temps (et son écoulement) a été, au cours des siècles, une source d'inspiration permanente pour les artistes et les écrivains, ce qui en fait un " objet " esthétique, un objet de réflexion et de création. Certains arts s'inscrivent de fait dans le temps comme la musique, la danse, la performance, le théâtre, le cinéma, l'opéra.
Ces arts du temps ont une durée limitée, même si certaines oeuvres sont un éloge du temps long, comme les films d'Andy Warhol, Sleep (1963), d'une durée de 5 heures 21 minutes et Empire (1964), de 6 heures 36 minutes tourné en 24 images seconde, mais projeté en 16 images seconde sur une durée d'environ 8 heures et 5 minutes. Dans le domaine du théâtre, citons Le Soulier de Satin de Paul Claudel, mis en scène par Antoine Vitez, d'une durée de 11 heures, joué dans la Cour d'honneur du Palais des Papes lors du Festival d'Avignon en 1987.
Enfin, évoquons cette prouesse technique qu'est la vidéo de Christian Marclay, The Clock (2010) d'une durée de 24 heures qui a remporté un Lion d'or, lors de la Biennale d'art contemporain de Venise, en 2011. Le temps intervient également dans la conservation des oeuvres. Certaines peintures du passé, par exemple, traversent mal le temps. Les couleurs s'assombrissent, la surface se craquelle, les oeuvres réagissent aux effets climatiques.
La conservation des oeuvres anciennes et leur restauration sont une réelle préoccupation. Une partie de l'art contemporain, quant à lui, s'inscrit au contraire dans le temps court, au travers d'oeuvres éphémères, envisageant l'altération, la détérioration, voire la destruction et la disparition de celles-ci. D'autres artistes comme Roman Opalka avec ses chiffres et ses photographies ou Christian Jaccard avec ses noeuds ont cherché à donner une matérialité et une visibilité au temps qui s'écoule.
Certains matériaux et alliages comme le marbre ou le bronze résistent au temps, tandis que d'autres, plus fragiles, en subissent les effets. Les oeuvres sont à la fois temporelles et atemporelles. Leur réception questionne. Karl Marx, par exemple, se posait la question de leur atemporalité, se demandant pourquoi certaines oeuvres du passé continuaient à avoir un impact esthétique chez les récepteurs d'une époque postérieure.
On sait aussi que les oeuvres, en général, survivent à leurs auteurs. Celles-ci continuent à exister au-delà du temps de vie de leur créateur et, en conséquence, permettent à ce dernier de traverser le temps. Sans souci d'exhaustivité, évoquons pour finir les représentations du temps à travers divers symboles comme le sablier, l'horloge, le crâne humain, ou les expressions du temps dans toute leur diversité, comme le mouvement, le déplacement dans l'espace, l'action, le surgissement de l'imprévisible, la dégradation, le vieillissement, etc.
Cette question du temps, traitée dans les 24 textes qui composent ce volume explorant différents domaines comme le cinéma, la peinture, l'art numérique, l'architecture, la sculpture, la performance, etc., a été savamment choisie, car à l'occasion de ce 30e numéro, Recherches en Esthétique fête ses 30 ans d'existence. Dominique Berthet
Le temps, donnée fondamentale de l'existence humaine, est aussi une notion importante en esthétique et dans le domaine artistique. Le temps qui nous inscrit dans une durée de vie plus ou moins longue, mais de toute manière limitée, ne cesse de nous tourmenter. L'avant, le présent, l'après, disent un mouvement régulier, irrémédiable, irréversible. Depuis les temps les plus anciens, les philosophes n'ont cessé de réfléchir sur ce phénomène incontrôlable, inéluctable, auquel on ne peut se soustraire.
Si l'on se réfère aux créations artistiques et littéraires du passé et du présent, il est indéniable que le temps (et son écoulement) a été, au cours des siècles, une source d'inspiration permanente pour les artistes et les écrivains, ce qui en fait un " objet " esthétique, un objet de réflexion et de création. Certains arts s'inscrivent de fait dans le temps comme la musique, la danse, la performance, le théâtre, le cinéma, l'opéra.
Ces arts du temps ont une durée limitée, même si certaines oeuvres sont un éloge du temps long, comme les films d'Andy Warhol, Sleep (1963), d'une durée de 5 heures 21 minutes et Empire (1964), de 6 heures 36 minutes tourné en 24 images seconde, mais projeté en 16 images seconde sur une durée d'environ 8 heures et 5 minutes. Dans le domaine du théâtre, citons Le Soulier de Satin de Paul Claudel, mis en scène par Antoine Vitez, d'une durée de 11 heures, joué dans la Cour d'honneur du Palais des Papes lors du Festival d'Avignon en 1987.
Enfin, évoquons cette prouesse technique qu'est la vidéo de Christian Marclay, The Clock (2010) d'une durée de 24 heures qui a remporté un Lion d'or, lors de la Biennale d'art contemporain de Venise, en 2011. Le temps intervient également dans la conservation des oeuvres. Certaines peintures du passé, par exemple, traversent mal le temps. Les couleurs s'assombrissent, la surface se craquelle, les oeuvres réagissent aux effets climatiques.
La conservation des oeuvres anciennes et leur restauration sont une réelle préoccupation. Une partie de l'art contemporain, quant à lui, s'inscrit au contraire dans le temps court, au travers d'oeuvres éphémères, envisageant l'altération, la détérioration, voire la destruction et la disparition de celles-ci. D'autres artistes comme Roman Opalka avec ses chiffres et ses photographies ou Christian Jaccard avec ses noeuds ont cherché à donner une matérialité et une visibilité au temps qui s'écoule.
Certains matériaux et alliages comme le marbre ou le bronze résistent au temps, tandis que d'autres, plus fragiles, en subissent les effets. Les oeuvres sont à la fois temporelles et atemporelles. Leur réception questionne. Karl Marx, par exemple, se posait la question de leur atemporalité, se demandant pourquoi certaines oeuvres du passé continuaient à avoir un impact esthétique chez les récepteurs d'une époque postérieure.
On sait aussi que les oeuvres, en général, survivent à leurs auteurs. Celles-ci continuent à exister au-delà du temps de vie de leur créateur et, en conséquence, permettent à ce dernier de traverser le temps. Sans souci d'exhaustivité, évoquons pour finir les représentations du temps à travers divers symboles comme le sablier, l'horloge, le crâne humain, ou les expressions du temps dans toute leur diversité, comme le mouvement, le déplacement dans l'espace, l'action, le surgissement de l'imprévisible, la dégradation, le vieillissement, etc.
Cette question du temps, traitée dans les 24 textes qui composent ce volume explorant différents domaines comme le cinéma, la peinture, l'art numérique, l'architecture, la sculpture, la performance, etc., a été savamment choisie, car à l'occasion de ce 30e numéro, Recherches en Esthétique fête ses 30 ans d'existence. Dominique Berthet