
Entre les deux, le spinozisme revendiqué par le penseur a tissé un lien apparemment évident : dans les actes doit régner la même nécessité que dans la pensée mathématique. où toute situation conceptuelle implique ses problèmes spécifiques et trace, pour l'élucidation rétrospective, la voie de leur résolution. Ce groupe de lettres offre un autre visage de Cavaillès, occulté par son image de philosophe anti-subjectiviste et son idée programmatique de philosophie du concept : sa dimension existentielle et charnelle, ses interrogations, doutes et quêtes, mais aussi l'inscription de sa pensée dans un champ problématique multiple - celui de la sensibilité, du corps, de l'histoire vécue et pensée, de l'éthique et de la spiritualité religieuse.
Dans \" Corrélation et immanence chez Bergson et Husserl \", Paolo Godani confronte les méthodes respectives de Bergson et Husserl en analysant quelques questions fondamentales - notamment la temporalité et la synthèse passive du sensible. L'objet de l'article est de montrer que ce qui sépare Bergson de Husserl ne tient pas au fait que le premier nierait l'a priori universel de corrélation que thématise le second, car Bergson semble au contraire vouloir en élargir la fonction de manière hyperbolique ; mais que là où Husserl maintient cet a priori dans les limites de la subjectivité transcendantale, Bergson tente de l'étendre à une multiplicité de niveaux transcendantaux, qui correspondent à la multiplicité intensive qu'est l'être lui-même.
Penser à soi, est-ce penser à quelqu'un qui se trouve être soi-même, à savoir le sujet qui pense ainsi ? Cette manière de poser la question a été l'ouvre d'un court article fondateur rédigé en 1957 par Peter Thomas Geach, \" Sur les croyances à propos de soi \". Analysant le discours indirect qui rapporte les pensées ou propos d'une personne à son propre sujet - du type \" Philippe pense que lui-même est P \" -, l'auteur montre que le pronom réfléchi \" lui-même \" n'a pas le rôle qu'on lui assigne traditionnellement, à savoir celui d'un substitut de nom propre - lequel constitue le paradigme de l'expression référentielle.
Ce pronom réfléchi étant l'équivalent in oratione obliqua du \" je \" in oratione recta, la réflexion de Geach invitait ainsi à une réflexion approfondie sur la nature de la subjectivité. S'attaquant à cette même question dans \" Penser à soi \", Bruno Gnassounou tente de réfuter les arguments généralement avancés à l'appui de la thèse courante selon laquelle, dans les pensées en première personne, le pronom \" je \" serait référentiel au même titre qu'un nom propre.
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