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En 2006, Hérodote publiait Amérique latine : nouvelle géopolitique. Nouvelle, parce qu'au libéralisme triomphant des années 1990 succédait une période favorable aux gouvernements de gauche. C'est le temps du retour de l'Etat, du nationalisme économique. Toutefois, Hérodote restait plutôt circonspect et à juste titre au vu de l'actualité. La situation vénézuélienne est des plus catastrophiques comme le prouve l'exil d'une partie de la population qui touche désormais toutes les classes sociales qui fuient la pauvreté, les pénuries alimentaires et de médicaments.
La situation géopolitique des Etats de l'Amérique centrale est tout aussi préoccupante crises politiques à répétition, situation économique dégradée qui pousse à l'émigration vers le Mexique en espérant atteindre les Etats-Unis. En revanche, la situation de la Colombie paraît se normaliser depuis l'accord signé en août 2016 à La Havane avec les Parc. Un point commun réunit tous ces Etats d'Amérique latine, c'est la place de la Chine dans leurs économies de rente.
Les gouvernements de gauche latino-américains pensant se libérer de l'impérialisme étasunien se sont tournés avec enthousiasme vers la Chine, perçue comme un Etat ayant appartenu dans un passé pas si lointain au Tiers-Monde, tout comme eux, et hostile aux Etats Unis, sans peut-être mesurer leur passage à une autre forme d'hégémonie économique. Les résultats des présidentielles brésiliennes ont stupéfié avec l'élection du candidat d'extrême droite, Bolsonaro.
Le besoin de sécurité et la volonté de sortir de la corruption massive des élites politiques précédentes expliquent ce mouvement de "dégagisme". Autre changement d'importance, religieux cette fois, la montée des Eglises évangélistes au détriment de l'Eglise catholique môme si le pape François, argentin d'origine, peut la limiter. C'est donc une fois encore à une nouvelle géopolitique de l'Amérique latine qu'est consacré ce numéro d'Hérodote.