Lancelot L.

Même si l'on n'est fanatique de SF, ce roman est très facile et agréable à lire, les événements s'enchaînent et un mystère s'installe, que les protagonistes tenteront de percer, difficilement, car il dépasse l'imagination. Les rebondissements sont bien venus, et sans avoir recours aux ingrédients racoleurs (sexe, violence, et autres), Barjavel arrive à nous faire ressentir les émotions des personnages tout au long du récit. Jusqu' au dénouement qui est inattendu et assez émouvant. Ce n'est pas un chef d’œuvre de la littérature, mais un bon roman qui permet de passer de bons moments de lecture.

L'injustice s'est installée, la barbarie gagne du terrain. Beaucoup d'entre nous se résignent, plient l'échine, et se réfugient dans un mépris du genre humain... Les personnages de "Sonia ou l'avant-garde", eux n'ont pas renoncé, et luttent farouchement dans l'ombre, comme beaucoup d'autres dont on ne parle pas. Puis, un jour les révoltes s'embrasent en une révolution. Ce texte puissant et passionnant à lire qui m'a fait du bien : on n'est pas seuls, on n'a pas perdu, et il n'est pas trop tard. Travailleurs, jeunes, militants, gens ordinaires, détiennent un pouvoir : c'est d'eux que viennent les ruptures nécessaires. Un livre émouvant mais aussi utile, indispensable même, car le paysage des fictions (films, séries TV, romans) nous force à voir un monde obligatoirement enserré dans la ''loi du marché" où la concurrence entre les êtres serait obligatoire, où la violence et la misère seraient inéluctables, comme si cela était inhérent à notre espèce. Or justement l'histoire et même la préhistoire nous démontrent le contraire. L'homme a lutté pour s'émanciper des instincts animaux et y est parvenu : les lois, le vote, la notion d'égalité, les systèmes sociaux, autant de progrès vers une société plus civilisée que l'être humain a bel et bien accompli. Il reste du chemin à faire, énormément - et ce roman montre une direction claire, évidente, et qui attire comme un aimant puissant, car il s'agit de notre avenir immédiat et de celui de nos enfants.

Cet essai commence très bien en posant la question déjà ancienne : pourquoi ne résistons-nous pas à des dirigeants arrogants, malhonnêtes, iniques, voire despotiques, alors que leur pouvoir repose justement sur notre obéissance ? Bien traité dans le fond, la question appelle des réponse que F. Gros détaille avec clarté et méthode. cependant, il reste au bord de la question suivante, qui est pourtant la plus importante : comment faire pour s'affranchir des systèmes de domination qu'on nous impose ? Que risquons-nous et comment se prémunir des conséquence d'une désobéissance - éventuellement concertée ? Ce que nous en savons, par l'efficacité parfois très grande de la grève, est qu'en effet la majorité peut l'emporter sur des oligarchies (pouvoir d'un très petit nombre) à condition d'avoir une revendication claire et fondée. Mais l'auteur reste sur un plan théorique, philosophie et érudit, qui ne fait que diluer le sujet.