Altai A.

Peut-être plus facile à lire que ses précédents romans car plus affranchi du jeu complexe des puissances au Levant, l'originalité de ce quatrième titre que nous offre Arnaud Elbaz est de mettre en lumière des aspects méconnus du monde du renseignement. On s'imagine volontiers qu'il y a d'un côté des espions qui tirent les ficelles et de l'autre des cibles qui tombent dans le filet. Les choses seraient trop simples si les murs se contentaient d'avoir des oreilles. Les appareils de sécurité ont leurs craintes, leurs terreurs et leurs impératifs qui sont la somme des impératifs de survie de tous les maillons de la chaîne qui la composent. Certes, l'enjeu n'est pas le même selon que l'on se trouve à Paris ou à Damas, mais il est savoureux de penser que la cible ou le suspect n’est pas seul à risquer gros. L’enquêteur de base ou le chef de service qui rendent compte à leur supérieur connaissent aussi des sueurs froides quand il s’agit de s’expliquer. Parler ou opter pour le silence ? Empêcher l' affaire banale de dégénérer en « pot de pue », continuer d'avancer dans la carrière pour ne pas passer à la trappe et finir soi-même dans les geôles. A ce jeu, la cible n'est pas toujours celle que l'on croit et les hommes de l'ombre sont rattrapés, les uns par leur passé, les autres par leur avenir. Sous le soleil de Chypre où se déroule l'intrigue, cela donne soif ; alors raki ou ouzo selon le côté de la ligne où l'on se trouve... mais à lire sans modération !