Julia P. - 1

Sasha fêtera ses 16 ans dans quelques jours. Ses parents et sa petite sœur Elsa préparent l'événement avec beaucoup d'impatience, mais il y a un bémol : cela fait exactement 10 mois que Sasha n'a pas mis un pied hors de sa chambre. En proie à une phobie sociale qu'elle ne peut plus contrôler, l'extérieur et les autres constituent une menace permanente. Comment continuer d'entretenir des relations familiales, amicales, amoureuses quand on a vécu ce qu'elle a vécu ? Sasha va-t-elle parvenir à surmonter son mal-être et reprendre goût à la vie ? Un très joli roman qui aborde autant de sujets que la dépression, les phobies, les angoisses, l'amitié, la famille, notre rapport à nous et au monde qui nous entoure, la construction adolescente dans un environnement parfois cruel. L'histoire de Sasha est touchante, infiniment touchante, et très justement racontée par la jolie plume de Sophie Carquain. Elle résonnera sans doute en chacun de nous. A lire absolument !

C'est l'anniversaire d'Hervé Snout. Sa femme, Odile, a cuisiné un bon petit plat toute la journée en se félicitant de la réussite sociale de son mari : patron d'abattoir. Chacun a son rôle : elle à la cuisine, lui au travail. Leur vie sexuelle n'a jamais vraiment décollé, mais qui peut s'en plaindre ? Ils habitent un pavillon cossu dans une banlieue pas trop malfamée, et ont même de la viande gratuite à chaque repas, avantage de la position d'Hervé ! Ce soir-là, Odile et leurs deux enfants sont à table pour fêter l'anniversaire du père. Pourtant, Hervé ne les rejoindra pas. Ni ce soir, ni jamais. Âmes sensibles, s'abstenir ! Il n'est pas question ici de ménager le lecteur. On plonge en profondeur dans les méandres d'une famille dysfonctionnelle pour en découvrir les contours les plus noirs, éclaboussés par la perversité des protagonistes gravitant autour d'eux et de l'environnement dans lequel ils évoluent... La normalité laisse vite place à la violence, extrême, à l'image de celle infligée aux animaux de l'abattoir. C'est étouffant, parfois irrespirable. Et brillamment écrit. Vous n'en sortirez pas indemne.

Cela fait quelques temps qu’Alice ne mange plus qu’une pomme à chaque repas. Personne ne semble trop s’en soucier ; Alice adore les pommes, c’est comme ça. Mais lorsqu’un médecin remplaçant s’aperçoit qu’elle ne fait plus que 36kg, la vie d’Alice va basculer : l’hospitalisation est inévitable. Comment se sortir de l’anorexie et de la dépression quand on a 14 ans ? Comment se rebeller contre la petite voix dans sa tête qui lui répète sans cesse qu’elle ne mérite pas de vivre ? Et comment remonter la pente quand on est à l’hôpital, entourée de blouses blanches interchangeables et loin de ses proches ? Ce sont ces questions qu’Alice Develey propose d’aborder dans ce roman semi-autobiographique. Un sujet difficile justement abordé à travers les yeux d’une adolescente en proie à ses démons. Impossible de rester indifférent à cette histoire qui vous touchera forcément beaucoup !

Le petit Steve, 9 ans, habite avec une mère dépressive et un père violent. Enfermés dans une ville minière canadienne, dans un contexte où l’argent se mérite durement et où les paysages ne sont constitués que de pneus abandonnés et de champs sans charme, Steve rêve déjà son évasion, celle qui lui permettra de ne pas finir comme tous les habitants de Thetford Mines ; pauvres et malheureux. Lorsque le petit Poulin vient s’installer avec sa famille dans le voisinage, Steve trouve alors en lui une parenthèse enchantée : il a trouvé un ami ; un véritable ami qui rend sa vie plus belle et plus supportable. Mais comment survivre dans ce contexte lorsqu’on a 9 ans, que la seule chose qui nous raccroche au monde est une amitié, et que cette amitié doit s’arrêter brutalement ? Un roman puissant traitant de sujets lourds, pourtant pas dénué d’humour. Sébastien Dulude nous éveille à la vie ouvrière américaine des années 80 et la raconte à travers les yeux d’un enfant qui ne souhaite qu’échapper à son destin. Un vrai coup de coeur.

Victor et Fleure tombent amoureux. Lui, jeune homme un peu perdu, rustre et passionné, qui aime faire la fête avec ses copains jusqu'à en oublier sa raison. Elle, jeune femme douce et romantique qui se suffit à elle-même et ne rêve que d'amour simple et d'une vie bien rangée. Rien ne les prédestinait à être ensemble et pourtant leur rencontre anime leur passion ; il lui apporte la fougue qu'elle ne connaît pas, elle lui apporte la stabilité qui lui manquait : ils vont apprendre à s'aimer. Puis vient le moment redouté où leurs différences prendront trop de place. L'amour laissera place à l'incompréhension, l'incompréhension à la colère, la colère au désespoir ; puis le désespoir flirtera dangereusement avec la folie. C'est cette histoire d'amour que nous raconte Arthur Dayras pour son premier roman ; avec sa plume maîtrisée et excellemment juste. Impossible de passer à côté de cette histoire, de ne pas profondément comprendre ces personnages et leurs doutes, leurs envies, leurs rêves, leurs déceptions... Arthur Dayras nous élève avec ses personnages autant qu'il nous fera tomber avec eux. Un très beau roman qui vaut le coup d'être lu.

N. semble traverser sa vie au hasard ; il est assis à la terrasse de ce café comme il pourrait être assis à celle d’en face, travailler à tel endroit comme à tel autre, passer la nuit avec cette femme-ci comme avec celle-là, peu lui importe finalement, tant que l’occasion se présente. Seulement voilà, à force de se laisser porter par les événements sans jamais les réfléchir, N. se retrouve pris dans un engrenage délicat. Un enchaînement d’occasions qu’il n’a pas réellement saisies mais qui sont pourtant bien réelles et le conduiront à cette situation particulière ; celle qui le conduira à sa perte. Un anti-héros très bien construit que l’on regarde avec tendresse à certains moments, que l’on déteste à d’autres, mais qui ne laisse assurément pas indifférent ! Une plume brillante sur certains passages. Un vrai coup de cœur de cette rentrée !

Dans une France où la majorité des grossesses n'arrivent pas à terme et où les enfants qui parviennent à naître sont presque tous touchés par le syndrome de l'X fragile, le gouvernement lance un programme expérimental qui promettrait à 100% des enfants qui en seraient issus de naître "sains". Très vite, les 1500 familles strictement sélectionnées pour faire partie de la première vague d'expérimentation se rendent compte que le programme tient ses promesses : leurs enfants sont sains, certes, mais ils apportent cependant avec eux bien d'autres problèmes et mystères que personne n'aurait pu soupçonner... Malgré des similitudes avec The Handmaid’s Tale sur le fond (notamment sur les questions des dérives politiques d’un régime autoritaire et d’une crise de la fertilité), Fragile/s traite pourtant finalement le sujet (très) différemment, à sa manière, et part dans des chemins insoupçonnés, surprenants et brillants. Actuel, très bien construit, bien écrit, haletant... Une héroïne comme on les aime, humaine et forte, que l'on suit avec passion et tension dans sa quête de vérité et de justice... Je n’ai pas pu le lâcher du début à la fin. Une très (très) grande réussite !

C’est l’histoire de Théo, 18 ans, qui vient de passer son bac et, livré à lui-même depuis que sa petite amie l’a quitté, avec une situation familiale compliquée, doit maintenant décider quelle voie choisir pour la suite de sa vie. C’est aussi l’histoire de Rombouts, médecin émérite ayant bâti son empire financier à la sueur de son front, fier mais pourtant très seul depuis que sa femme et ses enfants l’ont abandonné. Deux personnalités bien différentes que tout oppose en apparence, pourtant animées à cet instant précis de leur vie respective par les mêmes sentiments : l’ennui, la peur et la haine. Et c’est ce soir-là, en ce 21 juin, premier jour d’été, que le destin choisira de les faire se rencontrer. Peut-être pour le pire... Une écriture bien ficelée pour premier roman touchant, haletant et percutant. Soyez prêt à le lire d'une traite car vous ne pourrez pas le lâcher du début à la fin !