Anthony Highway

Il est des livres qui se dévorent, tant leur prose virevolte page après page, ne laissant qu'à peine le temps de reprendre son souffle. Mais ici, pas de policier implacable, pas de serial killer fantomatique, non, juste une femme, bien décidée à se venger de son ancienne nounou, malgré la fuite des décennies. Simple dans l'approche, efficace dans la narration, et filant comme une plume sur du papier. Le livre de Miss Achtar, par son audace, par sa prose, ne laissera aucun lecteur indifférent, et c'est bien là le principal.

"Cinq grotesques" de Didall, au-delà de son titre aussi mystérieux qu'accrocheur, présente deux énormes points forts pour un recueil de nouvelles. Tout d'abord, chacune des cinq histoires qui nous sont contées ici est d'une très grande qualité. Pas de bas, uniquement des hauts. Chaque aventure possède sa propre identité, chaque segment dénonce une part de la bêtise humaine (l'appétence quasi obsessionnelle des gens pour le foncier, la folie dictatoriale de l'URSS époque guerre froide, le capitalisme fou qui tend à "objetiser" même nos seniors en fin de vie, ...) sans se priver d'ironiser sur des actes malheureusement encore trop présents de nos jours. Et c'est justement là que réside la deuxième grande qualité de ce recueil de nouvelles. Chacune de ces histoires résonne terriblement avec notre actualité, souvent avec une ironie bluffante (par exemple l'histoire du compositeur soviétique en proie à la dictature stalinienne, suivez mon regard), parfois même à la limite du prophétique comme la nouvelle "Electrochocs" à relier avec le scandale actuel du traitement dans les EHPAD, et un propos voulu à l'origine grinçant devient alors glaçant, nous confrontant, nous lecteurs, au tragi(parfois)comique d'une civilisation qui perd ses moyens en sombrant dans le grotesque époque après époque. Cinq histoires, cinq sujets engagés, et cinq excellentes raisons de jeter un œil sur une œuvre qui vaut vraiment le détour.