Camille J. - 1

Laurence (de l'eau rance) est la deuxième fille de la famille. Après sa sœur Claude, naît donc cette petite fille, encore une. Que l'on ne s'inquiète pas, c'est bien aussi une fille. Elle déçoit déjà dès sa naissance. Laurence voit son enfance et son adolescence ponctuée de petites phrases insidieuses sur son sexe dit faible. Elle se construit avec ça, des schémas qui sont répétés, enseignés et finalement assimilés. Une très juste autofiction sur le rôle des femmes et des filles, sur la portée du langage et des mots dans l'éducation. Une fois encore, Camille Laurens décrit la pensée des femmes et les sentiments avec justesse.

C'est l'histoire d'une jeune fille vivant dans l'Ohio qui s'acoquine avec un homme d'origine indienne. De leur union, va naître quelques enfants dont on va suivre la destinée. Betty est l'une de ces enfants. Cette petite idolâtre son père, qui lui enseigne, ainsi qu'à ses autres enfants, les légendes indiennes et le respect de la nature. Elle tient physiquement plus de son père que ses frères et sœurs, et, à cause de cela, subit d'avantage de racisme. Betty est cette petite Indienne que l'on va suivre depuis l'enfance avec ses joies, ses désillusions, et ses apprentissages, notamment sur la place de la femme dans la société. Un roman épais qui se lit facilement grâce a un écriture très fluide ponctuée de passages poétiques.

Le jeune narrateur passe son été à la plage a observé les familles. Alors que lui-même vit avec sa grand-mère, dont il a honte en public malgré l'amour qu'il lui porte, et sa tante, qu'il qualifie de monstrueuse, il fantasme les autres familles. Le héros les imaginent parfaites et aimerait en faire partie. Baptiste, un jeune garçon, en vacances lui aussi, va lui proposer de tuer des méduses. Le narrateur se sent grâce à cela intégré dans un jeu dit 'de garçon' et Baptiste va alors devenir un idéal pour ce jeune héros en quête d'identité. Un beau roman sur les questionnements de l'enfance qui se lit d'une traite sur la plage ou au bord d'un lac.

Joséphine est professeur de philosophie. Son métier la lasse, marre des élèves intéressés par sa matière, marre du système de l'éducation nationale, marre de sa vie trop calme. Son cerveau et surtout son corps ont envie d'autres choses, de frisson. Elle décide alors de s'inscrire à un cours de danse puis de fil en aiguille, par défi, passe un casting pour être danseuse nue dans un bar. Elle est aussitôt engagée, car si elle a de belles formes, elle a surtout de la grâce et un appétit de la danse. Débute alors une double vie intense entre danse la nuit, paillettes, et talons hauts et professeur de jour, cheveux mal peignés et air blasé. L'héroïne se découvre en dansant, elle découvre qu'elle peut plaire, car elle l'avait oublié et surtout qu'elle peut s'affirmer et sa vie va changer. Un très beau livre, parfois cru, mais libérateur sur la liberté des corps et le désir, celui d'être soi et celui des autres.

Récits entrecroisés de 1980 où Élise et Constance tombe amoureuse et de 2017 où Rose est en quête de réponses. D'un côté, ces deux femmes, qui s'aiment, vont aller à New York pour le travail de Constance, car celle-ci est alors une écrivaine a succès. De l'autre, en 2017, Rose apprend par son père que sa mère a très bien connu une romancière aujourd'hui presque oubliée, Constance Holden. Pour la jeune femme qui n'a jamais connu sa mère, car celle-ci a disparu mystérieusement lors de sa tendre enfance, cette femme pourrait lui donner des réponses. Elle va alors tenter de se rapprocher d'elle. C'est un roman sur la quête d'identité, sur la filiation, mais avant tout sur l'amour et ses différentes facettes. Le roman est servi par une sublime écriture, a ne pas manquer!

Vardo, petite île en Norvège. Nous sommes immergés dans un village à la vie rude rythmée par les vents, les marées et la pêche. Un désastre a lieu dans cette partie du monde en cette année 1617 : des vents violents ont mené presque quarante hommes à la mort. L'île voit du jour au lendemain, sa population masculine être décimé. Les femmes décident alors de prendre la relève de la pêche et des travaux difficiles, mais toutes ne sont pas d'accord. Certaines se réfugient dans la religion. Arrive alors un homme, chasseur de sorcière reconnu qui entend bien lever le voile sur les événements arrivé sur l'île, car lui en est sûr, ce n'est pas l'œuvre des vents violents. Sa jeune femme se liant petit à petit d'amitié avec les femmes de l'île, Absalon Cornet de son côté mène son enquête au nom de Dieu. Un très bon livre qui sous des allures de roman est en réalité un fait historique. L'autrice a voulu donner une histoire à ces femmes de Vardo et c'est très réussi.

Manga très doux racontant la colocation entre deux femmes dont l'une est mère. Michiru et Maya se sont aimé il y a quelques années, mais la vie les a séparées. Entre temps, Michiru est devenue mère, mais ne ce sent pas adulte pour autant. Qu'est-ce qu'être adulte après tout ? Peut-on vivre ensemble alors que l'on s'est tant aimé? Ce manga traite de nombreux sujets comme la monoparentalité, l'homosexualité, le deuil et la dépression. J'ai été touchée par le graphisme très doux, les personnages attachants et la foultitude de thématiques abordés avec douceur et bienveillance. À découvrir !

Camilla Lackberg nous offre un court roman libérateur et jubilatoire. On suit le destin de trois femmes qui sont battues, humiliées et rabaissées. Leurs maris sont néfastes pour différentes raisons et l'empathie avec ces femmes est immédiate. Dés que l'on a fait la connaissance de ces héroïnes, on ne peut plus les laisser à leur sort. L'autrice amène son lecteur à ressentir de la colère, de la révolte et cela fonctionne. Un livre où l'on sent l'urgence de la situation avec une fin efficace et cinglante ! À lire vite !