Caroline Bb

1714, Addie Larue implore qui voudra bien lui répondre de la sauver de son destin. Le dieu que sa mère vénère dans l'église reste sourd, alors elle se tourne vers les anciens dieux. Seul l'Obscurité lui offre le salut, en échange de son âme. Elle obtient le droit de vivre éternellement, mais condamnée à être oubliée : personne ne pourra jamais plus se rappeler ni son nom ni son visage. Effacée de la mémoire de tous ceux qui croisent sa route, Addie traverse les siècles, armée de son obstination et de sa soif de liberté. Jusqu'au jour où quelqu'un la reconnaît... Sans se dépareiller de son humour ravageur et de son art de la joute verbale, V. E. Schwab donne à son héroïne faustienne une poésie nostalgique à laquelle personne ne résiste, pas même la nuit. Un immense coup de cœur pour ce merveilleux titre, qui a maintenant un collector digne de ce nom !

C'est l'histoire d'un empire qui s'engonce dans ses traditions, de héros nobles de cœur et de prêtresses brillantes d'esprit. C'est l'histoire d'une amitié rare, qui defie le sort et les lois. C'est l'histoire de celles qui refusent la compromission, qui veulent vivre entièrement, porté par une flamme inextinguible. D'une beauté graphique autre, j'ai été emportée par cet amour absolu qui ne faiblit jamais et qui porte en lui les graines de la révolte.

À l'image de son héroïne qui jure comme un marin, bois trop, fume trop, baise trop, ce roman est déjanté... et si addictif ! C'est cru, c'est vulgaire, c'est drôle et c'est très intelligent dans le dosage. Bref, direction les vacances avec Alvina : on commence avec un cocktail au bord de la piscine, et on fini en thriller mafieux sicilien.

Ce livre est un cri. C'est une révolte sourde, terrible et implacable. Poétique aussi, tranchant avec le sale comme les éclats des saris, qui, un instant tiennent bon contre la boue de la ruelle. C'est un mélange chatoyant où se mêle l'horreur des hommes, l'odeur âpre des cendres que l'on brûle, la violence contenue dans le petit corps de Veena, l'espoir lumineux porté en Chinti et la douceur sainte de Sadhana. Rabaissées sans cesse par une société qui abuse d'elles sans les accepter, ces filles de Kali, divinité faite femmes, entament la marche du talion.

Liées par leur passion de leur métier d'agricultrices, soudées par les épreuves et le dénigrement de leur travail, Jo, Anouk et Coline, les paysannes en polaire, nous invitent dans ce roman graphique-documentaire désinvisibiliser les femmes sur les exploitations agricoles, les entrepreneuses, les salariées, celles qui travaillent sans être reconnues... Trois femmes bourrées d'humour et de révolte qui font souffler un grand coup de frais sur le monde figé des champs.

Leïla Slimani goûte le silence, la solitude. Elle nous emmène dans ses bagages lors de la nuit qu'on lui propose de passer à la pointe de la Douane, où elle se retrouve avec les œuvres et son tumulte interne, qu'elle nous livre au fil des pages, avec pudeur et délicatesse. Elle réussit le tout de force de raconter les pièces d'art qui lui tienne compagnie durant la nuit avec une émotion curieuse, marquante. Intime et universel, le texte de Leïla Slimani remue et enchante, envire, comme le parfum des fleurs qui ne s'ouvrent que le soleil couché.

Il est délicat d'exprimer à quel point les petits textes de ce livres sont jouissifs, terriblement drôles et diablement intelligents. C'est pourquoi il est plus simple de vous en offrir un extrait : "La puissance de mon énergie libidinale en période de chômage est telle qu'elle dévaste très souvent les amants de passage, paniqués par la force de la vague"