Biographie de Djavad Hadidi
Djavâd, enfant de la ville sainte de Qom, naquit en 1932.
Djavâd est un beau nom : attribut divin de la générosité, il fut
le nom que porta le neuvième Imâm shi’ite. Ce nom
conviendra à merveille à l’enfant. Djavâd reçut l’éducation et
l’instruction que lui prodigua sa famille, hors le circuit des
écoles. Quand paraît le premier témoignage de sa formation, il
a seize ans. C’est en effet en 1948 que commence son
parcours de premier cycle, cycle d’orientation que l’on
accomplissait en trois ans.
Sa réussite aux examens destinés
aux candidats isolés, lui ouvrit la voie à des études faites à la
fois en privé et en université. Son inclination allait à la
médecine et à la philosophie. Les dépenses de premières
nécessités auraient été supportables, mais la nationalisation du
pétrole survint alors et entraîna une situation économique du
pays qui vint peser jusque sur le jeune étudiant : les
enseignements de philosophie firent les frais de la crise.
Djavâd s’orienta vers la langue et la littérature française.
Premier de sa classe, il obtint une bourse d’études et put se
rendre en université en Suisse. Il a vingt-cinq ans en 1957,
quand il obtient le diplôme suisse correspondant à la licence. Il
peut alors s’établir en France. Il s’inscrit en Sorbonne, en
cycle doctoral, et soutient sa thèse en 1960. Mais sa carrière
universitaire avait déjà commencé en Iran.
La qualité de ses
études lui avait permis d’être recruté à l’université Ferdowsi
de Machhad comme Maître de Conférences. C’est là qu’il se
consacra à l’enseignement et à la recherche, de 1950 à 1984.
D’abord Assistant de la Faculté des Lettres de l’Université
Ferdowsi, il devint Professeur et prit rapidement d’importantes
responsabilités : la direction de la bibliothèque du
Département des études de langue française et la charge de
l’organisation de sa modernisation, puis la direction de ce
Département, la direction de l’Enseignement de l’Université,
la direction de la Faculté des Lettres, la direction de la célèbre
Revue de cette Faculté des Lettres.
Au sommet de sa carrière,
Djavâd Hadidi fut appelé à Téhéran par le Comité de la
Révolution de la Culture, pour participer à la mise en place
d’un programme concernant l’ensemble des universités du
pays. Devenu membre de l’Académie de la Langue et des
Lettres d’Iran, il y devint le Directeur de la Section de
littérature comparée. Il fut l’incomparable fondateur, en 1985,
et le directeur jusqu’à son décès, de la Revue semestrielle en
français, Luqman.
Ces Annales des Presses Universitaires
d’Iran doivent à sa compétence et à son dévouement la
publication d’articles recherchés. Il fut membre de plusieurs
associations, dont celle des écrivains de langue française, celle
de l’Iranologie Européenne, celle des Presses de langue
française. L’activité et les publications de Djavâd lui valurent
des marques d’honneur et de récompense de toutes sortes.
Il
fut le lauréat de plusieurs fondations et institutions. Il était, en
France, chevalier de l’ordre des Palmes académiques.
L’activité scientifique du Professeur Hadidi s’est
particulièrement déployée dans le domaine de la littérature
comparée. On rencontre de lui plus d’une centaine d’articles
dans diverses revues de recherche à comité de rédaction,
également dans les deux grandes encyclopédies de renom en
Iran.
Deux ouvrages notamment forment avec sa thèse une
œuvre originale et de référence. Le texte persan du livre
intitulé : De Sa’di à Aragon : l’accueil fait en France à la
littérature persane parut à Téhéran, au Centre des Publications
Universitaires d’Iran, en 1994 (1373 a.h., VI-583 p.). Sa
version française parut peu après. L’ouvrage attira vite
l’attention des historiens de la littérature.
En quinze chapitres
touffus, l’auteur, parfaitement bilingue et familier des deux
littératures, française et persane, construisit une somme de
repères bien plantés. Il permit à tout comparatiste, en partant
de cette sorte de carrefour, d’aller vers toutes formes de
recherches. Originaire de Qom, Djavâd Hadidi n’en oublia
rien : il referma son œuvre par son encouragement efficace et
sa collaboration scientifique, à une entreprise très prometteuse
de traduction et de commentaire en français du Coran.
C’est à
Qom que parut en l’an 2000 un premier tome, superbe, intitulé
: Le Coran. Voilà le Livre – al-FatiHa et al-Baqara (Sourates 1
et 2). Traduction annotée, accompagnée d’études, de
concordances et de lexiques, par Yahya ‘Alawi et Javad
Hadidi. Iran, Qom, Centre pour la traduction du Saint Coran,
1421/2000, 618 p. La qualité scientifique de l’ouvrage a été
saluée par nombre de spécialistes.