Un veuf, c'est Orphée sans Eurydice, c'est Aragon sans Elsa, mais c'est peut-être aussi votre père ou votre voisin. Pour le comprendre et pour l'aider, écoutez ce qu'une trentaine d'hommes âgés qui ont perdu leur femme nous ont dit de leur vie, de leurs espoirs, de leurs regrets, ou du bonheur qui leur reste.
Contrairement à l'opinion répandue, ce n'est pas l'organisation matérielle de leur vie qui pose problème : la plupart s'en sortent bien, même un fer à repasser à la main. Leurs besoins sont ailleurs, plus subtils, plus affectifs, bien sûr. Mais ce qui leur manque le plus, c'est une écoute amicale... tout à fait votre portée.
" J'étais complètement éreinté, liquidé, liquéfié ", dit l'un de nos interlocuteurs. Mais il ajoute : " Ce qui m'a aidé, c'est que j'étais entouré de quantité de gens qui avaient besoin de moi, besoin pour n'importe quoi ". Ces témoignages conduisent à mieux comprendre les déterminants qui ont permis à ces hommes de faire face à l'épreuve, de ne pas se laisser enfermer dans la solitude, de redonner un sens à leur vie. Ils soulignent la puissance des capacités d'adaptation aux épreuves.
Conduite dans le cadre du Projet national de recherches 32 " Vieillesse ", cette étude prolonge celle qu'avait menée le même groupe d'aînés sur la solitude des veuves, en abordant, cette fois, un problème qui a beaucoup moins retenu l'attention, celui du veuvage masculin.