VIENNE AU CREPUSCULE

Dans ce roman qui fit scandale à sa parution en 1908, Arthur Schnitzler prête aux deux principaux personnages ses propres aventures sentimentales à peine transposées. Vienne au crépuscule présente au lecteur moderne un tableau saisissant de l'intelligentsia viennoise du temps passé. Au centre de cette fresque, avec pour toile de fond la Vienne fin de siècle, ses palais, ses avenues, son Prater, ses environs pittoresques qu'on parcourt à bicyclette, deux personnages d'exception : l'écrivain Henri Bermann, esprit inquiet, torturé, tant dans son art que dans sa vie intime, et un musicien, le baron de Wergenthin, aristocrate doué, séduisant, aux nombreuses conquêtes, cultivant un égoïsme stendhalien qui lui permettra, au prix parfois d'une certaine cruauté de garder toujours ouvert, comme le fit son auteur, le chemin de la liberté. Anna la jolie musicienne qu'il abandonnera après une brève et douloureuse liaison, symbolise, elle, le désarroi de toute une époque. Ce superbe roman montre une autre facette du génie dramatique de Schnitzler et le révèle comme l'analyste le plus aigu du monde d'hier.