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Août 2014. Un château célèbre, une maison de retraite qui ferme, des archives qui s'ouvrent. Une épaisse liasse composée de petites fiches attrape le regard. On y lit : "Buveur impénitent", "impulsif et violent", "malade mentale", "insulte au personnel", "trublion de la pire espèce", "à ne jamais reprendre". Ces formules expéditives stigmatisent des centaines de pensionnaires étant partis, volontairement ou non, entre 1956 et 1980.
L'historienne fait surgir de cette source les pratiques gestionnaires d'une institution en charge de personnes âgées, les scandales de la vie d'hospice, mais aussi une galerie de portraits, des trajectoires singulières, toutes marquées par les guerres et les crises du XXe siècle. Le fichier de Villers-Cotterêts permet d'entrer de plain-pied dans une histoire discordante de l'Etat social et de mettre en lumière la persistance de la disqualification des vieux pauvres.
Qui sont ces femmes et ces hommes âgés qui ont suffisamment dérangé pour susciter un dispositif disciplinaire de papier spécifique pendant plus de vingt ans ? Quelle histoire nous livre l'administration de ces "indésirables" ? Mathilde Rossigneux-Méheust est maîtresse de conférences à l'université Lyon 2. Elle est l'auteure de Vies d'hospices. Vieillir et mourir en institution au XIXe siècle (Champ Vallon, 2018).