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Dans Une lettre à ma mère, l'écriture de Carmelle St. Gérard-Lopez se fait tatouage : impossible d'en dissoudre les signes et les images dont elle nous imprègne, inutile même d'essayer, ce serait vouloir faire mentir l'encre ou espérer vainement que celle-ci se dissolve au fil des pages sous la pluie de l'oubli. En dépit de l'horizon de lectures auquel semble nous mettre en garde le sous-titre de cette oeuvre multiple, l'entrelacement intime de ces " genres liés " implique et impacte le lecteur profondément, et ce, malgré la haute teneur autobiographique de l'ouvrage.
Lorsque Carmelle écrit, c'est l'ensemble d'une frégate qui jette l'ancre dans les bas-fonds du passé ; ce sont les souvenirs en tête-à-tête avec les hémorragies de l'histoire. La lettre saigne d'une menstruation nécessaire et que nous en parcourions l'ordre chronologique ou que nous en faisions une lecture-pirate, en l'assaillant de tous côtés, il semblerait que nous ne puissions en parer l'abordage.
Entre-sang, comme pour nous assainir de nous-mêmes, pour nous permettre de mieux affronter l'avenir par le truchement d'une saignée dans notre passé commun. Jean-Xavier Brager