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De l'Angleterre à la Palestine, de l'Allemagne au Mexique, du Brésil à l'Egypte, de la France à l'Afrique du Sud, ce livre raconte une autre histoire du ballon rond, depuis ses origines jusqu'à nos jours. Le football ne se résume pas au foot-business : depuis plus d'un siècle, il a été un puissant instrument d'émancipation pour les ouvriers, les femmes, les militants anticolonialistes, les jeunes des quartiers populaires et les protestataires du monde entier.
L'auteur retrace le destin de celles et ceux qui, pratiquant ce sport populaire au quotidien, en professionnels ou en amateurs, ont trop longtemps été éclipsés par les équipes stars et les légendes dorées. Prenant à contre-pied les clichés sur les supporters de foot, il raconte aussi l'étonnante histoire des contre-cultures footballistiques nées après la Seconde Guerre mondiale, des hooligans anglais jusqu'aux ultras qui ont joué un rôle central dans les printemps arabes de 2011 ou plus récemment dans le soulèvement du peuple algérien.
En proposant une histoire "par en bas", en s'attachant à donner la parole à tous les protagonistes de cette épopée, Mickaël Correia rappelle que le football peut être aussi généreux que subversif.
HIstoire populaire du sport le plus populaire
Le football est une matière traversée par de nombreuses, diverses, et parfois contradictoires lignes.
Ce sport nait au XIXe siècle dans les "public schools" en Angleterre (écoles privées victoriennes de l’époque. Ex : Eton, où le prince Harry a fait sa scolarité comme toute l’élite aristocratique britannique.)
Aux XVIIIe et XIXe siècle, les élèves de ces écoles vont jouer aux jeux qu’ils voient dehors ; des jeux populaires de ballon qui se pratiquent depuis le Moyen-âge en Angleterre. Au XVIIe siècle le mouvement d'enclosures (privatisation des terres par la bourgeoisie) analysé par Marx comme l’une des étapes fondatrices du capitalisme industriel suscite de violentes révoltes. C'est en organisant des parties de football sauvage, à plusieurs centaines sur le terrain et sans véritables règles, que les paysans luttent contre l'accaparement des terres...L'élite des « public schools » va s'attacher à édicter des règles afin de standardiser ce jeu violent dans le sens d'une pédagogie de leurs propres valeurs, à même de préparer le terrain si je puis dire, de la Révolution Industrielle (esprit d'initiative, de compétition, d'obéissance au chef..) dans les corps et les esprits de leur jeunesse..
Ainsi on voit que dès sa naissance, ce sport revêt des enjeux politiques et culturels majeurs. Michael Correia, journaliste indépendant, nous en donne une histoire fort détaillée et bien analysée, où l'on croise les questions du colonialisme, du féminisme, du destin des "quartiers", le Printemps Arabe, le conflit israelo-palestinien, le FC Barcelone et les revendications indépendantistes..... Parce qu'entre émancipation et disneylandisation, le football est à l'image de l'humanité, ballotté par de contradictoires passions : ce livre est essentiel pour redonner du sens à la pratique d'un sport éminemment populaire. Car on y voit bien comment il est menacé dans sa fibre meme, par sa tendance actuelle à faire l'économie des questions d'identité collective et d'attachement à un territoire (à l'instar des franchises de Manchester City dont notre auteur déplore l'essaimage en mode McDo.). Un ouvrage fort intéressant....