1917, dans un village savoyard. Comme tous les étés, à la Saint-Madeleine, les femmes doivent se rendre dans l’alpage. Cette année, contrairement aux précédentes, le prêtre ne les accompagne pas. Alors qu’il veut s’épargner la fatigue de la montée, il prend le prétexte de l’absence des hommes pour rester au village avec les personnes âgées. Cependant, il ne manque pas de sermonner les alpagistes (trois femmes), avant leur départ.
Péroline, la plus âgée, est accompagnée de son fils adolescent et de ses petites filles. Son mari est au front et elle n’a pas reçu de
lettres, depuis trois ans. Secrètement, elle espère que cet homme violent ne reviendra pas. Anne-Céleste est orpheline et a été recueillie par le prêtre, qui l’exploite. Elle n’a reçu qu’un courrier de son fiancé, parti, lui aussi, à la guerre. Elle est inquiète au sujet de leur relation qui représente son seul espoir de quitter sa place auprès de l’homme d’Eglise. La plus jeune Rose, n’a personne à attendre. Elle a perdu sa mère, puis son père. Depuis, c’est elle qui veille sur ses frères. Elle aimerait connaître l’émoi, auprès d’un homme.
Elles ne le savent pas, mais un Italien permissionnaire les attend. C’est un ami soldat qui lui a parlé de cette procession. Vincenzo connaît l’histoire des trois amies, il sait que les bras masculins manquent, que ce soit pour les gros travaux ou pour l’amour. Comment vont-elles accueillir cet inconnu ? Quelles sont ses intentions ?
Cet été est une parenthèse pour tous. Les femmes se libèrent, Vincenzo se confie au sujet du drame de sa vie et les enfants découvrent que les hommes ne sont pas tous des brutes. Jusqu’à maintenant, les trois femmes ont eu une vie remplie de brimades, de sacrifices et d’asservissement. La rencontre avec le bel Italien renverse toutes les barrières de la bienséance. Elles ne sont plus les mêmes et sont liées par un secret. Hélas, le retour dans le village d’En-Bas sonne le rappel des chaînes qui les entravent. Resteront-elles unies face à l’adversité ? Peuvent-elles s’opposer à l’intransigeance et au jugement ? Leur amitié, résistera-t-elle à la « trahison » ? De plus, elles s’interrogent sur celui qui a partagé leur vie, pendant un mois. Elles découvrent qu’il n’est pas celui qu’elles croient.
J’ai déjà lu deux livres (que j’ai adorés) de Frédérique-Sophie Braize, cependant, j’ai été impressionnée par la nouvelle dimension de son écriture. J’ai eu une sensation de douceur, qui m’a entourée d’un cocon moelleux. Aussi, la sororité très intime entre les trois femmes, s’est étendue à moi, je percevais que je faisais partie du cercle. Sans leur ressembler, je me sentais proche d’elles et j’avais un sentiment d’universalité et de féminité.
De nombreux mystères entourent Vincenzo, au sujet de son passé et de sa personnalité. J’ai été intriguée par ses motivations, je me suis questionnée sur la fascination et l’affection que son attitude éveillait en moi : mon imagination était prête à tous les débordements, pourtant, elle n’avait pas anticipé tous les rebondissements. J’ai été passionnée par son histoire et par les pans de sa vie que le jeune homme garde secrets.
L’auteure a bâti son intrigue autour d’évènements véridiques, tels que le vol de la Joconde, en 1911, et un accident dramatique, qui a été étouffé à l’époque. A la fin du livre, des notes expliquent de quelle manière la fiction s’est articulée autour de ces faits historiques. Un voyage nommé désir rend hommage aux hommes de toutes nationalités qui se sont battus pour la liberté, mais surtout à ces femmes qui ont assumé la survie des villages, en l’absence des hommes. J’ai été touchée par la part consacrée à la maltraitance, à ces signes de reconnaissance entre ceux qui l’ont subie, ainsi qu’à l’importance des mains tendues pour enfin exister.
Un voyage nommé désir est une ode aux femmes et aux enfants, c’est un souffle de liberté et d’espoir et c’est un coup de cœur pour moi.
Une histoire époustouflante
J'ai dévoré ce roman qui raconte l'été que trois femmes passent en 1917 sur un alpage savoyard coupé du monde en guerre.
Elles sont très différentes mais elles sont solidaires. Elles ont la vie dure ,sans repos, sans confort, sans amour, sans tendresse, sans caresse. Elles manquent de tout jusqu'à l'arrivée d'un soldat italien qui va changer leur vie en bien en leur donnant ce qu'il a de plus précieux sans les connaître.
Impossible de retenir une larme en apprenant que cet homme a vraiment existé